Page:Baus - Étude sur le corset.djvu/11

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INTRODUCTION


Bien d’autres avant nous se sont occupés de la question du corset. De tous temps, même durant les époques où le corset n’était pas une partie du vêtement féminin ayant des attributions nettement définies et établies, du temps de Galien et d’Hippocrate, les médecins ont toujours consacré quelque part dans leurs écrits quelques lignes traitant et blâmant l’usage des vêtements constricteurs. Durant ces deux derniers siècles surtout des voix innombrables se sont fait entendre, plus ou moins violentes et autorisées, s’élevant toutes contre l’usage des corps à baleine et s’évertuant à proclamer, au nom de l’hygiène et de la raison, que si le souci de la raison ne perd point ses droits là où commence l’hygiène il est de toute nécessité cependant de les faire s’accommoder, sinon de donner le pas à cette dernière. Toutes ces clameurs ont été vaines. Il a été impossible ou à peu près de faire comprendre à la presque totalité des femmes que le corset leur donnait le contraire de ce qu’elles lui demandaient ; qu’il était le premier à leur gâter la santé, alors que la santé était le principe même de toute beauté. Rien n’y a fait : grands et petits, savants et ignorants, tous ont dû plier devant la mode lorsqu’elle s’est prononcée ; c’est une voix qui caresse trop agréablement les oreilles féminines pour qu’elles puissent y résister et les femmes s’en sont fait volontiers ses esclaves : nous dirons plus, la mode a en elles de vraies martyres conscientes et consentantes.

Nous n’espérons pas, en nous élevant contre la mode instigatrice et haute protectrice du corset, être plus heureux, ni plus écouté ni entendu que ceux qui nous ont précédé dans cette