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aux frottements, la confluence des taches rosées lenticulaires à la base du dos où les frottements viennent s’ajouter à la pesanteur.

Tous les dermatologistes ont pu observer chez des femmes syphilitiques des couronnes ou des placards de syphilides qui marquaient la place des portions comprimées.

Wilson signale comme très fréquentes l’éclosion et la localisation aux parties latérales du tronc du lichen ruber planus, éruption de papules plates, confluentes, à base infiltrée et saillante, et l’attribue à la pression du corset.

On pourrait à plaisir multiplier les exemples.

Il nous semble donc bien évident que le mécanisme que nous étudions suffit à provoquer des altérations primitives et dicte les localisations secondaires.

La taille semble également un lieu de localisation pour la graisse et la plupart des femmes ont le tissu adipeux singulièrement développé à la base du tronc. On dirait que la graisse accumulée sous la peau comme dans un cul-de-sac, par la ligature que détermine le corset autour de la taille, ne peut plus être détruite et s’agglomère de plus en plus.

Le corset étant étroitement appliqué sur la peau, collant au corps ou à peu près, de façon telle qu’Arnould dit que ce ne sont que « ligatures, constrictions et fermetures exactes » il doit avoir un rôle antihygiénique considérable au point de vue de la peau. La ventilation naturelle est réduite à son minimum et les échanges entre l’air du dehors et l’atmosphère confinée au contact avec la peau n’ont lieu qu’à travers les pores de la matière vestimentaire. Or la peau doit respirer : elle est, au même titre que le poumon et le rein, un émonctoire à travers lequel s’échappent les matériaux de déchet qui proviennent des combustions organiques. De plus, le corset rompt l’équilibre calorifique, en supprimant la couche d’air entre le vêtement et la peau, couche d’air qui normalement, par sa faible conductibilité, arrête le rayonnement de la chaleur naturelle. Toutes ces actions réunies mettent cette surface de la peau dans des conditions physiologiques très mauvaises qui viennent entraver la nutrition nor-