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qu’ils semblent, après avoir été amorcés, continuer et résulter d’une sorte de plissement de l’organe sous l’influence de la pression qu’il subit dans tous les sens.

Quel que soit le mécanisme invoqué, il n’en reste pas moins évident, vu la fréquence des sillons chez la femme, que le corset en rétrécissant la base de la poitrine dans le sens transversal comprime le foie, qui se tasse verticalement et entraîne le plissement du diaphragme qui s’y enfonce.

Physiologiquement, l’organe n’est pas moins touché qu’anatomiquement par la compression du corset. Pour envisager les désordres physiologiques, voyons comment s’opère la circulation hépatique.

Le système porte a une disposition spéciale. Située entre deux réseaux capillaires, celui de l’intestin et celui du foie, la veine porte est dépourvue de valvules, elle n’est pas entourée de muscles dont les contractions puissent favoriser la compression du sang. Le sang qui la traverse a donc de singuliers obstacles à surmonter si, au moment de l’inspiration, l’abaissement du diaphragme ne comprimait les viscères abdominaux, n’exprimait l’éponge hépatique et, par le vide thoracique qu’il produit, n’aspirait pour ainsi dire le liquide.

Nous avons vu ce qu’il fallait penser du jeu du diaphragme réduit à néant par le corset.

La ligature brusque de la veine porte chez les animaux amène rapidement la mort. La ligature lente et progressive, comparable à la compression lente que l’on observe en clinique, a ralenti simplement dans les expériences d’Oré l’activité biligineuse du foie. Lorsque l’oblitération devient complète, on peut encore compter sur la suppléance, démontrée par Schiff et Küthe, des veines collatérales. Remarquons immédiatement que la suppléance des veines collatérales, en admettant qu’elle devînt nécessaire, serait aussi entravée par le corset qui exerce une constriction en masse.

Si la ligature de la veine porte tarit la bile, il ne faudrait pas croire qu’à l’opposé l’exagération de la pression sanguine dans le vaisseau favorise la sécrétion biliaire. On comprend, en effet,