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BOSC.

renton, renouvelées diverses fois depuis ce temps-là avec tout l’empressement imaginable, n’eurent jamais un meilleur succès. Il était impossible qu’un mérite aussi éclatant que le sien, et aussi utile à son parti, ne donnât de l’inquiétude et de l’ombrage aux ennemis de la religion protestante. Ils le témoignèrent l’an 1664, en surprenant une lettre de cachet [a], qui le relégua à Châlons jusqu’à nouvel ordre. On a su qu’un nommé Pommier [b] se vanta d’être la cause de cette disgrâce. Le faux témoignage qu’il rendit regardait la confession auriculaire, dont il prétendait que M. du Bosc eût parlé dans les termes les plus choquans ; jusque-là qu’il l’accusait d’avoir comparé l’oreille des prêtres à une cloaque, un égout, et un canal, qui recevait toutes les ordures de la ville. Cela fit que M. du Bosc, passant par Paris, pour aller au lieu de son exil, expliqua à M. le Tellier son sentiment sur la confession, et de quelle manière : il en avait parlé. M. le Tellier en parut content, et lui dit même qu’il n’avait jamais doute de la fausseté de l’accusation. M. du Bosc recouvra la liberté de retourner à son église le 15 d’octobre 1664, et l’on ne saurait exprimer la joie qui se répandit dans Caen parmi les frères, lorsqu’il y rentra le 8 de novembre. Un grand nombre d’honnêtes gens de l’autre parti le furent féliciter ; et il y eut un gentilhomme catholique, qui fit alors une chose des plus étranges qui se soient vues (B). Cet disgrâce de M. du Bosc lui fit connaître combien il était aimé et considéré (C). Les honnêtetés qu’il reçut de l’évêque de Châlons ne doivent pas être oubliées (D). Il commença d’avoir en 1665 les occupations dans lesquelles sa prudence, sa gravité et son éloquence se sont si fort signalées ; j’entends les procès qu’on fit aux églises. Il défendit celle de Caen, et plusieurs autres de la province, contre les injustes poursuites de l’évêque de Bayeux. Le roi ayant publié en 1666 une déclaration accablante contre ceux de la religion, toutes les églises députèrent à Paris pour faire de très-humbles remontrances à sa majesté. Les églises de Normandie députèrent M. du Bosc, qui partit de Caen le 3 de juillet 1668. Dès qu’il fut arrivé à Paris, les autres députés le choisirent pour dresser divers mémoires [c]. Le bruit s’étant répandu que le roi voulait supprimer quelques chambres de l’Édit [d], tous les députés des provinces coururent chez M. de Ruvigni le député général, pour lui parler sur une matière si importante. On avait pour but d’obtenir la permission de se jeter aux pieds de sa majesté : on l’obtint, mais de telle sorte qu’il n’y eut que M. du Bosc qui fut admis à l’audience. Il harangua le roi, qui était seul dans son cabinet, le 27 de novembre 1668 ; et, après avoir fini

  1. Elle était datée du 2 d’avril.
  2. Il avait été de la religion, et était de Montauban.
  3. Par exemple, les Observations sur la déclaration de 1666, qui ont été imprimées à Amsterdam, par Jacques le Jeune, en 1670, et les Observations sur la déclaration contre les Relaps. Elles sont publiques aussi.
  4. Celles de Paris et de Rouen.