Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T06.djvu/591

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
581
FRANÇOIS Ier.

bienfaits se distribuaient à la fantaisie des femmes. Et parce que d’ordinaire, quand elles sont une fois déréglées, elles se portent à l’injustice, aux fourberies, à la vengeance et à la malice avec bien plus d’effronterie que les hommes mêmes, elles furent cause qu’il s’introduisit de très-méchantes maximes dans le gouvernement, et que l’ancienne candeur gauloise fut reléguée encore plus loin que la chasteté. Cette corruption commença sous le règne de François Ier., se rendit presque universelle sous celui de Henri II, et se déborda enfin jusqu’au dernier point sous Charles IX, et sous Henri III[1]. »

(AA) Il abolit la coutume de faire en latin les actes publics. ] Servons-nous des termes de M. Varillas. « La justice avait été jusque-là rendue en latin dans toute l’étendue de la monarchie française, ou pour le moins dans sa plus grande partie ; et cette langue y avait été si corrompue, que l’on ne la connaissait presque plus qu’à la terminaison des mots, soit que l’ignorance en eût été la cause, ou que les juges eussent prétendu se rendre par-là plus intelligibles. L’abus n’était plus supportable en un temps où l’on travaillait avec tant de fruit à recouvrer l’ancienne politesse ; et puisque la monarchie française n’avait jamais eu aucune dépendance de la romaine, il n’était plus à propos qu’elle en conservât la langue dans ses actes les plus authentiques. Il eût été ridicule de les mettre en bon latin, parce que la plupart du monde ne les aurait pas entendus ; et le roi demeura d’accord qu’il valait mieux les exprimer en bon français qu’en mauvais latin. Ainsi l’ordonnance en fut faite en 1539 : et de toutes celles de François Ier., il n’y en a eu aucune qui ait été plus universellement et plus constamment observée que celle-là[2]. » Cet historien venait de dire que le chancelier Poyet procura cette réformation peu de temps avant sa chute. Il avait près de trois siècles que l’Allemagne s’était réformée à cet égard. Voici ce qu’on trouve dans les Méditations historiques de Camérarius. L’empereur Rodolphe Ier….. esmeu par plusieurs plaintes de la nation allemande, et se voyant comme sous le joug de secrettaires estrangers, entendus en la langue latine, desquels il estoit contraint se servir, au grand préjudice de ses affaires, d’autant que telles gens bien souvent le trahissoyent : tint une journée à Nuremberg l’an 1252, en laquelle fut ordonné du commun consentement de tous les estats de l’Empire, que de là en avant, le langage allemand seroit introduit es chancelleries et es contracts publics. Voilà le commencement et ce qui donna occasion aux Allemans de faire valoir leur langage de là en avant jusques à ce qu’il soit parvenu à tel poinct, qu’aujourd’hui l’on peut et clairement et elegamment en beaux characteres, soit à la main, soit par impression, comprendre toutes histoires et sciences, et les exprimer dignement en ce langage[3]. Notez qu’on a dit que ce qui porta le roi de France à faire cesser le latin dans les actes de justice, fut qu’on lui rapporta que le premier président du parlement de Paris avait usé d’un terme barbare au souverain point en prononçant un arrêt. Scripserat morem Galliæ fuisse, leges regni semper latino sermone scribi, donec Franciscus rex ejus nominis primus id vetuit anno 1539. Sed debuerat Matharellus causam addere : quoniam videlicet præses curiæ parlamenti in arresto pronuntiando dixerat, debotamus et debotavimus : quod gallicè jam pronunciatur, Avons débouté et déboutons. De quo rex Franciscus (ut quidam dicunt) multùm riserat : ut alii, multùm iratus fuerat[4].

(BB) On a débité faussement…… qu’il fut transporté au château d’Ambres proche d’Inspruck. ] Citons le Mercure Historique du mois de mars 1702. « Par les lettres de Vienne, du 4 de ce mois, on a appris que par les

  1. Mézerai, Histoire de France sous Henri III, tom. III, pag. 446, 447.
  2. Varillas, Hist. de François Ier., liv. IX, pag. m. 381.
  3. Camérarius, Méditations historiques, vol. III, liv. IV, chap. V, pag. 271, 272, de la traduction de Simon Goulart.
  4. Matagonis de Matagonibus adversùs Italogalliam Antonii Matharelli, pag. m. 226.