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FRANÇOIS Ier.

ordres de l’empereur le maréchal de Villeroi [1] avait été transféré d’Inspruck au château d’Ambres à une heure de là, et qu’il est dans la même chambre où Charles-Quint fit mettre le roi François Ier., après qu’il l’eut fait prisonnier devant Pavie. » Quelques gazettes de Hollande avaient déjà dit la même chose. Je voudrais que l’auteur du Mercure les eût réfutées, au lieu de les suivre. Il est certain que François Ier. ne fut point mené en Allemagne, mais en Espagne. Bouchet observe que le vice-roi de Naples [2] donna la charge de la personne du roi de France au seigneur Alarcon gouverneur de la Pouille et Calabre, lequel il mena au château de Pisqueton [3]. Paradin, Mézerai, et plusieurs autres historiens, nomment Pisqueton le château où ce prince fut détenu avant qu’on le transférât en Espagne. Ce château est sur la rivière d’Adda, dans le Milanais, et se nomme en Italien Picighitone. Voyez Léandre Alberti dans la Description de l’Italie [4].

(CC) On l’a loué de ce qu’il avait fait faire d’excellentes éditions. ] On n’a qu’à lire ces paroles de Pierre Victorius [5] : Veritas quoque non patitur, ut reticeam egregiam voluntatem atque operam, inferioribus temporibus in hâc re positam à Francisco primo Gallorum rege, qui ut erat omnibus in rebus magno animo, ac verè regio præditus, proclivisque in humanum genus juvandum, rectaque studia summâ ope augenda, curavit, ut quidquid antiquorum ingenii monimentorum restaret in afflictâ Græciâ, ad se mitteretur : cui beneficio magno addidit alterum, et ipsum valdé utile ad hanc ipsam honestam artem ornandam : studuit enim, magnis præmiis propositis, ut lepidæ admodùm formæ litterarum, et græcarum, et latinarum, fingerentur : in quo etiam felix fuit : ita enim pulchræ atque politæ fabricatæ fuêre, ut non videantur ab humano ingenio venustiores, et exquisitiores ullo pacto conformari posse : librique ipsis excusi, non invitent tantùm, sed etiam aliquo modo rapiant ad se legendos. On peut ajouter à ceci ce que je rapporte dans l’article Vergerius (Angelus) [6], ce passage des Antiquités de Paris : « Il se trouve qu’en l’an 1541, Angelo Vergier, escrivain du roy en lettres grecques, avoit quatre cens cinquante livres tournois de gaiges assignez à l’Espargne [7]. »

(DD) Le passage qu’il fit faire au travers d’une montagne est quelque chose de surprenant. ] M. Léger assure [8] que le mont Visol, estimé le plus haut de l’Europe, et où le Pô a sa source, est la montagne dont l’histoire dit... que François Ier. la fit percer tout outre, pour descendre en Italie. Et de fait, ajoute-t-il, « bien que depuis que les Français ont trouvé le secret d’ouvrir le passage du mont Genèvre, beaucoup plus court et commode, ils ne se soient plus servis de ce trou-là, si est-ce qu’il est encore en état, et le sera sans doute jusqu’à la fin du monde, étant presque tout coupé dans la roche vive : il faut environ deux heures pour le traverser, on y peut passer des mulets avec leur charge : et toute l’incommodité qu’il y a est seulement qu’on n’y voit goutte, et qu’il faut nécessairement y porter des flambeaux. » Cet auteur n’ayant point marqué la date de ce travail surprenant, ni quelles sont les histoires qui en parlent, j’ai fait des recherches qui n’ont fait juger que l’expédition de François Ier. en Italie, l’an 1515, est l’époque de ceci. Je crus que Martin du Bellai décrivait fort amplement les difficultés que l’on surmonta dans le passage des Alpes ; mais je trouva qu’il en parle très-succinctement [9]. et sans donner aucune idée de la peine prodigieuse qu’il fallut prendre. Je consultai Guicciardin [10], qui me contenta beaucoup plus. M. Varillas ne me contenta guère moins ; voici

  1. Il fut fait prisonnier dans Crémone le 1er. de février 1702.
  2. C’était Charles de Lanoi.
  3. Boucher, Annal. d’Aquitaine, folio m. 217.
  4. Folio 407 verso, édit. de Venise, 1561.
  5. Petrus Victonus, præfat., Comment., in VIII libros Aristotelis de optimo Statu Civitatis.
  6. Citation (b).
  7. Jacques du Breul., Antiquit. de Paris, pag. m. 568.
  8. Jean Leger, Hist. des Églises vaudoises, Ire. partie, pag. 2.
  9. Martin du Bellai, Mémoir., liv. I, à l’année 1515, pag. m. 28.
  10. Guicciard., liv. XII, folio m. 356.