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MARGUERITE. MARGUNIUS. MARIANA.

urbe. Dictionarium longobardicum. Ce qui n’est pas imprimé consiste en un gros recueil indigeste de vieilles pancartes, qui font huit volumes, que l’on garde dans le Vatican. En voici le titre : Thesaurus historicus sacræ et politicæ veritatis in S. R. E. agro ipsis autographis monumentis à vetustissimis antiquitatum latibulis per diurna sæcula absconditus, in tomos octo distributus, et ad sanctissimos Innocenti XI, P. M. pedes eâ quâ decet veneratione et alacritate humillimè depositus, per Cornelium Hargarinum abbatem Casinensem, ad certam chronologiæ normam juxtà indictionum rationem ipsâ testante veritate expositus [1].

  1. Prosper Mandosius, Biblioth. romanâ, cent. V, num. 66, pag. 332.

MARGUERITE, reine de Navarre. Voyez Navarre, tome XI.

MARGUNIUS (Maximus), évêque de Cythère [a], était de Candie. Il passa plusieurs années à Venise, et il y mourut vers la fin du mois de juin 1602 [b]. Il avait une belle bibliothéque, et il la légua aux religieux de Candie ; et comme s’il eût pressenti sa mort, il y envoya, un peu avant que de mourir, neuf caisses pleines de livres [c]. Il avait pris soin de ramasser quantité de manuscrits grecs rares et curieux.

  1. C’est une île de l’Archipel : on la nomme aujourd’hui Cérigo.
  2. Velserus, epist. XX ad Scaligerum.
  3. Idem, ibidem.

MARIANA (Jean), né à Talavéra au diocèse de Tolède, se fit jésuite le 1er. de janvier 1554. Il étudiait alors à Complute [* 1], et il était âgé de dix-sept ans. Il devint un des plus habiles hommes de son siècle ; grand théologien, grand humaniste, profond dans la connaissance de l’histoire ecclésiastique et de l’histoire profane, bon grec, et docte dans la langue sainte. Il alla à Rome, l’an 1561, et y enseigna la théologie ; au bout de quatre ans il s’en alla en Sicile et y enseigna pendant deux années. Il vint à Paris, l’an 1569 et y expliqua Thomas d’Aquin pendant cinq ans. Sa santé ne lui permit pas de continuer, et l’obligea de s’attacher à des études moins pénibles. Il s’en retourna en Espagne, l’an 1574, et passa le reste de ses jours à Tolède. Il y mourut le 17 de février 1624, à l’âge de quatre-vingt-sept ans (A). L’inquisition se servit de lui dans plusieurs affaires d’importance ; mais de son côté il eut besoin d’être patient (B), et d’avoir assez de courage pour supporter avec constance les rigueurs de l’adversité [a]. Ce qu’on remarque de sa chasteté est tout-à-fait singulier (C). Il publia plusieurs livres [b], et entre autres une Histoire d’Espagne, que plusieurs regardent comme un chef-d’œuvre (D). C’est lui qui fit imprimer un ouvrage de Lucas Tudensis [c] sur la vie à venir, et contre les Albigeois. Son traité du changement des monnaies lui fit des affaires à la cour d’Espagne (E) ; et l’exposa à une peine qui a été mal rapportée par M. Varillas (F) : mais on aurait eu plus de raison de l’inquiéter au sujet d’un autre livre, que l’Espagne et l’Italie laissèrent passer, et

  1. * Alcala de Hénarez.
  1. Tiré de Natanaël Sotuel, Bibl. Script. societ., pag. 477.
  2. Voyez-en les titres dans Moréri.
  3. C’est ainsi qu’il faut dire, et non pas Tridentis avec Alegambe et Sotuel.