hujus cantici canebat, et deindè populus eundem versum cantabat. Sed enim idem Philo in libro de agriculturâ, scribit, factos esse duos choros ; unum mulierum ; alterum virorum, è diverso stantes, et alternis carminibus sibi invicem respondentes [1]. Un poëte moderne [2] s’imagine que ce prophète se mit au milieu des deux chœurs, et distribua les parties du chant, et battit la mesure avec sa verge. Vous verrez la description qu’il a faite des habits et des gestes de Marie ; vous la verrez dis-je, dans ce passage du pire Ménétrier « [3]. Après le passage de la mer Rouge, Moïse et Marie sa sœur, pour remercier Dieu de la conservation de son peuple, et de la défaite des Égyptiens qui se noyèrent en le poursuivant, firent deux grands chœurs de musique séparés, l’un d’hommes et l’autre de femmes, et dansèrent sur l’air d’un cantique qui fait le chapitre XVe. de l’Exode, un ballet d’action de grâces. Un poëte moderne a décrit élégamment cette danse au livre VI de son poëme du Voyage de Moïse. »
« Nunc [* 1] igitur memores animos ad carmina mecum
« Adjicite ; alternis subsultent castra choreis ;
« Littora divinas referant ad sidera laudes.
« Sic fatus jubet in partes discedere turmas,
« Adversisque choris medius, gestumque, modosque
« Dividit, et virgâ modulans præit Enthea verba.
« Hæc postquàm saltata viris, modulataque Vate
« Chironomo, paribus stimulis agit impetus idem
« Hebræas cantare nurus, Diamque Pronæam
« Tinnula concussis ad tympana psallere sistris.
« Prosiluit sancto Mosis soror excita Phæbo,
« Prætextâ lambente pedes, cinctuque modesto
« Castigante sinus : volat alto à vertice Sindon,
« Carbasina et Zephiros Zonâ relinente coèrcet,
« Subtilesque tument telæ pellentibus auris,
« Cœrula jam niveos compescit tænia crines,
« Saltibus extremæ volitant per tempora vittæ.
« Assultant digitisque pedes, pulsuque moventur
« Ora, pedes, digitique pari, non mollia cessant
« Brachia, non humeri, aut cervix, à corpore toto
« Vox sonat, et cunctis loquitur Symphonia membris.
« Exiliunt paribus studiis examina matrum,
« Virgineique greges, hæ sistra sonantia pulsant,
« Hæ citharas et plectra movent, hæ nablia carpunt ;
« Nec vultus torsisse pudor, casta omnia casti
« Obsequii decorat pietas. Jocabethia virgo
« Inchoat, et gestu cantum comitante figurat.
Voici un autre passage du même
écrivain : il enferme bien des choses
qui ne se rapportent pas à Marie ; mais
comme tout y est curieux, je n’ai
point voulu séparer ce qui concerne
le cantique où elle eut part, d’avec
le reste. « C’est le plus ancien cantique
[4] que nous ayons, et la plupart
des interprètes de ce cantique
veulent que ce soit la première
composition en musique qui ait
paru plus de trois cents ans devant
la naissance de Linus et d’Orphée,
que les Grecs font pères de leur
poésie [5]. Ce cantique est purement
narratif ; mais celui que nous
avons au XXXIIe. chapitre du Deutéronome,
a toutes les beautés de
la poésie et de la grande éloquence.
Dieu commanda à Moïse d’écrire
ce cantique un jour avant sa mort,
pour servir de condamnation au
peuple juif dont l’ingratitude était
allée jusqu’aux derniers excès. Ce
fidèle ministre des volontés de Dieu
ne se contenta pas de l’écrire, mais
il le chanta ; et si l’auteur du livre
des Merveilles de l’Écriture, inséré
parmi les ouvrages de saint
Augustin, a cru que Dieu avait
fait un miracle à l’égard du premier
de ces cantiques, ayant inspiré
tout le peuple à le chanter avec
une juste harmonie, et un concert
- ↑ (*) Anton. Milliæus, l. 6. Mosis viatoris.
- ↑ Pererius, in cap. XV Exodi, disput. I, pag. m. 484.
- ↑ C’est un jésuite lyonnais, nommé Antonius Milliæus. Voyez Alegambe, pag. 40.
- ↑ Ménétrier, des Ballets anciens et modernes, pag. 9 et suiv.
- ↑ Il parle de celui qui fut chanté après le passage de la mer Rouge.
- ↑ Voyez ce qu’a dit Pererius, in cap. XV Exodi. disput. I, pag. 485, 486 : Inter alias poriò huius Cantici excellentias, illa profectò perinsignis est, quod est primum omnium Canticorum, quæ fuisse unquàm facta vel cantata, sive in sacris, sive in profanis litterarum monumentis proditum sit, nam Lini, Musæi et Orphei, qui antè bellum Trojanum fuerunt, hymnos, carmina, et cantus plus trecentis annis post canticum Mosis esse factos, certâ temporum observatione compertum est.