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MUTIUS.

grâce de l’attirer à Rome : cependant il est certain qu’il fut professeur à Rome. Lisez ces vers :

Ce mien père [1], Angevin, gentilhomme de race,
L’un des premiers Français qui les muses embrasse,
D’ignorance ennemi, désireux de savoir,
Passant torrens et monts jusqu’à Rome alla voir
Musure Candiot : qu’il ouït pour apprendre
Le grec des vieux auteurs, et pour docte s’y rendre :
Où si bien travailla, que dedans quelques ans
Il se fit admirer, et des plus suffisans.

(K) André Schottus n’a point dû lui attribuer le grand Etymologicum. ] C’est M. Ménage [2] qui a relevé cette méprise, et qui l’a réfutée en remarquant qu’Eustathius a cité cet Etymologicum. Cela était digne de la parenthèse que l’on va voir. Auctor magni Etymologici quisquis tandem ille sit (Nicam esse scribit amicus noster Isaacus Vossius in Notis ad Pomponium Melam : quod an verum sit nescio : certè falsum esse scio, quod vir doctissimus Andreas Schottus, in præfatione al proverbia Græcorum, existimabat, auctorem hujus libri esse Marcum Musurum, siquidem ab Eustathio Magnum Etymologicum laudatur) auctor, inquam, Etymologici conditorem academiæ, et academum et ecademum fuisse dictum scribit.

(L) Paul Freher a commis une lourde faute. ] Non-seulement il a mis Musurus au nombre des cardinaux, mais même il s’est appuyé sur le témoignage de Paul Jove. Il ne cite que cet auteur, et il en rapporte des paroles qui prouvent visiblement que Musurus mourut de chagrin pour n’avoir pas obtenu la pourpre. Vix degustatâ cardinalatiis dignitate Romæ exspirârit, dit néanmoins Paul Fréhérus [3].

  1. C’est Antoine de Baïf, qui parle de Lazare de Baïf, son père, dans une lettre à Charles IX : elle est au-devant de ses Œuvres, imprimées à Paris, l’an 1573, in-8°.
  2. Notis ad Diog. Laertium, lib. III, num. 7, pag. 141.
  3. In Theatro Viror. erudit., pag. 25.

MUTIUS (Huldric [a]), professeur à Bâle, dans le XVIe. siècle, était suisse de nation [b]. Il publia divers ouvrages, dont le plus considérable, si je ne me trompe, est une Histoire d’Allemagne (A). qu’il fit imprimer à Bâle, l’an 1539, in-fol. M. du Plessis Mornai en cite quelques morceaux que je mettrai ci-dessous, à cause qu’ils peuvent servir de supplément à une remarque de l’article de Grégoire VII [c].

  1. Et non pas Henri comme dans Konig.
  2. In Villario Stocken proximè episcopicellam urbem Turgoviæ Helvetiorum ut Goldastus l. 1. Bohem. p. 14, scribit, natus. Michaël. Hertzius, in Biblioth. germanicâ, num. XL.
  3. C’est la remarque (c).

(A) Il publia.... une Histoire d’Allemagne.... M. du Plessis Mornai en cite quelques morceaux..... qui peuvent servir de supplément à l’article de Grégoire VII. ] Elle est intitulée de Germanorum primâ origine, moribus, institutis, legibus, et memorabilibus pace et bello gestis omnibus omnium sæculorum usquè ad mensem Augusti anni trigesimi noni suprà millesimum quingentesimum, libri Chronici XXXI, ex probatioribus germanicis scriptoribus in latina linguam tralati [1]. M. du Plessis Mornai, ayant à prouver que l’ordonnance de Grégoire VII, sur le célibat des prêtres, fut très-mal reçue en Allemagne, rapporte entre autres choses ce qui suit. « Huldricus Mutius, qui traite cette histoire au long, en son quinzième livre, recueillie des plus approuvez autheurs de l’histoire Germanique, nous deduit ; que l’evêque de Constance ne voulant point imposer cette loi, le pape Gregoire libera son clergé de son serment envers l’evêque : [* 1] Cet evêque toute fois, dit-il, comme plusieurs témoignent, ennemi des prêtres fornicateurs, bien que protecteur des mariez : que l’archevêque de Maience étoit de même opinion, mais dissimuloit pour crainte du pape : que le clergé se défendoit par l’Evangile, par l’apôtre, par l’institution de Dieu ; se soumettoit même au jugement de l’eglise,

  1. (*) P. Huldricus Mutius, lib. 15, pag. 132. Sunt authores qui dicunt episcopum illum Constantiensem omnino infensos habuisse scortatores patrocinatumque conjugio sacerdotum.
  1. Gesner., in Biblioth., folio 342.