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TOULOUSE.

de l’invention de l’auteur. C’est ce que je juge de la douzaine de coupeurs de bourse qu’on y a fait intervenir, afin que le roi pût voir le billet d’amour que sa maîtresse avait reçu d’un autre galant, frère de l’évêque de Valence[1].

  1. Voyez les Intrigues galantes de la Cour de France, tom. I, pag. 234, édition de Hollande, 1695.

TOULOUSE, ville de France sur la Garonne, l’une des plus grandes et des plus anciennes de l’occident, et le siége du second parlement du royaume, mériterait un fort long article ; mais comme M. Moréri et l’auteur de son Supplément en ont traité fort au long, je ne m’y arrêterai pas. Je dirai seulement que les consuls de cette ville portent le nom de capitouls, et qu’ils acquièrent la noblesse par cette charge. M. de la Faille publia une très-belle dissertation sur ce sujet[a], au temps qu’on recherchait les faux nobles[b]. Tout le monde attend avec impatience la suite des Annales[* 1] de Toulouse que cet illustre écrivain a composées[c]. Cette ville, qui a été toujours féconde en habiles gens [d], et qui l’est encore autant que jamais[e], méritait bien l’érection (A) qu’on y a faite d’une académie de beaux esprits.

  1. * Les Annales de la ville de Toulouse, Ire. partie, sont de 1687, in-folio : la seconde partie est de 1701, et conséquemment antérieure à la seconde édition de Bayle, qui est de 1702. Mais on ne doit pas oublier que Bayle, habitant la Hollande, ne pouvait connaitre tous les livres français dans leur nouveauté.
  1. Vous en pouvez voir le précis dans l’ouvrage in-4°. de M. Gille de la Roque, sur la noblesse.
  2. C’est-à-dire environ l’an 1666.
  3. M. de Beauval, a parlé du Ier. vol. de ces Annales, mois de septembre 1688, pag. 3 et suiv. Voyez aussi le Journal des Savans, du 19 d’avril 1598.
  4. Voyez Balzac à la dernière page des Œuvres diverses, et Sorbériana au mot Toulouse.
  5. Le Théâtre de Paris et l’Académie française en peuvent rendre témoignage.

(A) L’érection qu’on y a faite d’une académie de beaux esprits. ] M. de Basville[1], qui dans les provinces de son intendance s’est montré si digne d’avoir eu pour père l’illustre premier président de Lamoignon, pendant que M. l’avocat général[2], son frère, se montre si digne du même honneur dans le parlement de Paris, s’est fort employé à ce nouvel établissement. Il résolut de changer les jeux floraux de Toulouse en une académie de belles-lettres[3]. La compagnie des jeux floraux s’alarma de ce dessein, et fit publier des mémoires qui tendaient à intéresser la ville à laisser les choses comme elles étaient. On réfuta ces mémoires ; on montra l’inutilité de ces jeux, et la nécessité qu’il y avait d’établir dans Toulouse une académie de belles-lettres, afin que les heureux génies que cette ville produit eussent les moyens de se perfectionner dans l’éloquence. On soutint qu’elle ne manquerait pas de fournir quantité de sujets capables d’imiter les académies des autres villes du royaume, et on fit une longue liste d’excellens esprits sortis de Toulouse[4]. Pour savoir si ces raisons furent efficaces, on n’a qu’à lire cet extrait d’un des journaux de M. Cousin. « Les jeux floraux de Toulouse ont été enfin érigés en académie, et les lettres en ont été scellées sur la fin de l’année dernière. Cette compagnie est composée de trente-cinq personnes les plus distinguées par leur mérite et par leur savoir. Ils distribueront chaque année deux prix auxquels sera employé le fonds des jeux, qui était considérable[5].

  1. Intendant de Languedoc
  2. On partait ainsi l’an 1696 : depuis ce temps-là cet avocat genéral est devenu président à mortier au parlement de Paris.
  3. Voyez le Journal des Savans, du 14 de septembre 1693, pag. 666, édition de Hollande.
  4. Là-même, pag. 668.
  5. Journal des Savans, du 7 février 1695, pag.