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TURLUPINS.

avaient fait faire... touchant le concile de Trente. ] Ils avaient d’abord présenté leurs griefs dans l’assemblée Naumbourg, lorsque le pape Pie IV et l’empereur Ferdinand, les exhortèrent à se trouver au concile, ou en personne, ou par des députés. Ils les proposèrent ensuite à la diète de Francfort, au temps du couronnement du même empereur. Cela contenait les raisons pour lesquelles ils rejetaient ce qui avait été décidé par le concile de Trente ; mais pour faire mieux connaître la justice de ces raisons, ils chargèrent un certain nombre de théologiens et de conseillers politiques de composer un ouvrage où ces mêmes griefs fussent étendus, éclaircis et justifiés. On n’a qu’à lire l’avertissement qui est au revers du titre de la traduction de Tuppius. Hæc Gravamina pro defensione synceræ et Orthodoxæ Religionis, proposita primùm in Naoburgico conventu principum ; deindè repetita, atque oblata majestati Cæsareæ in imperii conventu publico, qui ob electionem et coronationem inclyti regis Rom. habitus fuit Francofurti ; tandem summorum quorundam imperii ordinum mandatu et voluntate, à delectis ad hoc ecclesiarum suarum doctoribus, et consiliariis politicis, uberiore explicatione singulorum capitum, ex sacrarum litterarum testimoniis, patrum scriptis, theologorum scholasticorum commentariis, ac canonum interpretibus, aliisque scriptoribus compluribus ; ad eum usum jampridem diligentiâ singulari collectis, illustrata sunt : et hoc scripto, quod ad posteritatem de horum ordinum erga religionem et Rempstudio extet, comprehensa. Voici le titre du livre. Concilii Tridentini restitutioni seu continuationi à Pio IV pontifice, anno 1562 indictæ, decretisque tunc editis, opposita Gravamina : quibus et causæ necessariæ et gravissimæ exponuntur, quare electores, principes, ordines imperii, augustanam confessionem amplexi, concilium illud neque agnoscere neque adire voluerint. Nous avons vu ci-dessus [1] une citation de cet ouvrage : elle concerne l’athéisme de Léon X ; mais il est un peu étrange que personne ne soit cité là-dessus, et que dans un livre de cette nature on ait avancé des faits que l’on ne savait que par des bruits vagues. Quoi qu’il en soit, l’ouvrage généralement parlant n’est point censurable par le manque de citation. Il en contient un grand nombre, et qui sont très-bonnes en elles-mêmes : il est vrai qu’on les rencontre dans une infinité d’autres livres. Les observations sur la Taxe de la chancellerie apostolique n’ont pas été épargnées [2], et l’on a fini par un long détail des articles de cette Taxe. Ce détail peut passer pour une édition du Taxa Sacræ Pœnitentiariæ ; et c’est sur ce pied-là qu’Hunnius le donne en l’insérant dans la préface de son livre de Indulgentiis, imprimé à Francfort l’an 1599, in-8o ; mais notez que quant à la forme, et même quant à divers points de la matière, cette édition est différente de plusieurs autres que j’ai vues, et dont j’ai parlé ailleurs [3]. J’avais conjecturé [4] que du Pinet avait suivi l’édition insérée dans le livre des princes protestans d’Allemagne. Cette conjecture est très-bien fondée, comme je l’ai avéré depuis.

  1. Dans le passage de M. Heidegger (qui avait copié ou pu copier Berneggérus ) rapporté remarque (I) de l’article Léon X, tom. IX, pag. 151
  2. Voyez les pages 79 et 89 de l’édition de 1597.
  3. Tom. III, pag. 96, dans la remarque (B) de l’article Banck ; et dans la remarque (B) de l’article Pinet, tom. XII, pag. 89.
  4. Voyez, tom. III, pag. 76, Banck, remarque (B).

TURLUPINS [* 1], hérétiques du XIVe. siècle, vilains et infâmes, qui enseignaient que quand l’homme était arrivé à un certain état de perfection, il était affranchi du joug de la loi divine ; et bien loin d’assurer avec les stoïques que la liberté de leur sage consistait à n’être plus soumis passions, ils faisaient consister cette liberté à n’être plus soumis aux ordres de la sagesse éternelle. Ils ne croyaient pas qu’il fallût invoquer Dieu autrement que

  1. * Voyez les notes sur l’article Picards, tom. XII.