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SENNERT. SEXTUS.

mains de l’autre, qui s’en était servi contre les jésuites.

    ce dernier égard il ne soit pas faible. Sa belle latinité n’est pas un petit relief. Rem. de M. Bayle.

SENNERT. L’éditeur se trompe sur l’année de la naissance de ce célèbre médecin, et il la recule de cinq ans, sans en avoir aucune raison apparente. Il la place sous l’année 1577, et constamment elle appartient à l’année 1572. D’ailleurs notre auteur dit d’une manière trop concise, et un peu trop sèchement, que le sentiment de ce philosophe, savoir, que l’âme des bêtes n’est pas matérielle, le fit accuser d’impiété. En débitant ce dogme, il devait en même temps dire tout ce qui l’accompagnait, et les raisons dont Sennert l’appuyait. Ce médecin ne disait pas simplement que l’âme des bêtes n’est pas matérielle, mais il rejetait (lib. 1, de Plast. seminis facultate) l’opinion de ceux qui soutiennent qu’elle n’est pas d’une nature plus noble que les élémens [1] ; et il disait que, de sa nature, elle est aussi immortelle que l’âme de l’homme : de sorte que si celle-ci ne périt avec le corps comme l’autre, c’est par une grâce particulière du Créateur. Il avouait à la vérité que l’âme des bêtes n’est pas produite de la matière ; ainsi il se moquait de l’éduction des scolastiques. Mais enfin tant qu’il ne disait pas que cette âme était réellement immortelle, il n’y a pas lieu de le taxer d’impiété [2].

  1. Notre auteur, qui s’est presque toujours dispensé de citer, a changé ici de méthode ; et pour prouver que Sennert rejetait l’opinion de ceux qui soutiennent que l’âme n’est pas d’une nature plus noble que les élémens, il cite, par parenthèse (lib. I de Plast. seminis facultate) pour nous apprendre que c’est là le livre où Sennert rejette cette opinion. Il a sans doute cru que ce trait d’érudition donnerait du relief à sa remarque. C’est dommage qu’il n’y ait pas réussi, car il s’y était pris d’une manière fort adroite. Voici comment. M. Bayle, qu’il copie ici mot à mot, avait cité Sennert, ubi supr., c. 9, p. 137. Notre critique voulant remplir cet ubi supr., et substituer le titre du livre auquel cette citation se rapporte, a parcouru, en remontant, une douzaine de citations ; mais il s’est malheureusement arrêté à celle-ci : vide Jacobum Schegkium, lib. I de Plast. seminis facultate, apud Sennert, ibid. cap. 5, p. 129 : où, comme l’on voit, M. Bayle cite un ouvrage de Schegkius, et non pas de Sennert. Nouv. Observ.
  2. Dans la dernière édition cet article est corrigé sur le Dictionnaire de M. Bayle, d’où notre auteur a pris ce qu’il dit ici. Nouv. Observ.

SEXTUS [a] AB HEMMINYA. Cet article a été oublié, ou peut-être cet auteur n’est pas connu [1] ; il doit l’être beaucoup des astrologues, puisqu’il fut dans son siècle [b] à leur égard, ce que fut le célèbre Pic de la Mirande dans le sien ; jamais homme ne fut plus attaché à cette science que le fut Sextus dans les premières années de sa vie : mais ayant eu le temps d’en connaître l’illusion et l’inutilité, il en devint dans la suite un des plus rudes adversaires, et il lui

  1. Il fallait dire Sextus ab Hemminaga. Rem. de M. Bayle.
  2. Les remarques de notre auteur devraient suivre le caractère qu’il faut donner au Moréri, qui est un ouvrage destiné principalement à l’instruction des lecteurs qui n’ont point d’étude. Un tel ouvrage doit éclaircir chaque chose, sans qu’il soit besoin de consulter un autre livre. Ce n’est pas apprendre en quel temps Sixtus ab Hemminga et Pic de la Mirande ont vécu, que de parler comme on parle ici : au lieu de son siècle il eût fallu dire le XVIe. siècle, et plus bas, au lieu de dans le sien, dire dans le XVe. Rem. de M. Bayle.
  1. Cet article se trouve dans l’édition de 1707 et suivantes, au mot Sixte de Homminga. Nouv. Observ.