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SOPHRONIE. SPANHEIM.

grands amis [a] du fameux évêque d’Ypres, et si quelque chose a fait tort à la mémoire de Jansénius, ce sont principalement les liaisons qu’il a eues avec cet Allemand, auquel [b] on attribue le livre de Atheismo in Poloniâ, ex atheo libello, etc. Quelques auteurs ont entrepris de le justifier de cette terrible accusation, mais ce n’a pas été avec tout le succès qu’ils ont cru. Il y a eu un François Simonis [c], auquel on a attribué le livre de Fraudibus Hæreticorum, du père Hestrier [1].

  1. Ceci me paraît très-faux, et pour le moins est une chose fort contraire aux faits qui ont été rapportés dans le Dictionnaire critique, à la remarque (I) de l’article Jansénius, [t. VIII, p. 322] et à la remarque (A) de l’article Simon [tom. XIII, p. 308.]. Rem. de M. Bayle.
  2. Il est très-faux que l’on attribue au Théodore Simon ou Simonis qui eut quelques conférences avec Jansénius, le livre impie dont notre auteur parle. Il en rapporte mal le titre, qu’il pouvait trouver aisément dans le Dictionnaire critique, à la page 2719 de la deuxième édition [t. XIII, p. 308]. Le titre de cet ouvrage, imprimé à Cracovie l’an 1588, est Simonis Religio. Pas la date de l’impression, il est évident que le Théodore Simonis dont il s’agit ici n’est point l’auteur de ce livre, car il était encore jeune lorsqu’il eut des démêlés avec Jansénius, environ l’an 1630. Rem. de M. Bayle.
  3. Il fallait dire que le père Estrix, jésuite flamand, est l’auteur du livre de Fraudibus Hæreticorum, qui a paru sous le faux nom de François Simonis. Rem. de M. Bayle.
  1. Notre auteur s’est étrangement brouillé en rapportant ce qu’il avait lu dans M. Bayle : cela lui est assez ordinaire ; mais on peut dire qu’il s’est ici surpassé lui-même. Nouv. Observ.

SOPHRONIE. L’éditeur n’a point corrigé les fautes où Moréri était tombé en parlant de cette dame romaine. Il est vrai qu’Eusèbe de Césarée parle de sa beauté et de sa chasteté dans le 14e. chap. de son 8e. livre, mais il ne la nomme point, et on ne sait d’où les historiens lui ont donné dans la suite le nom de Sophronie. M. Bayle, à qui peu de choses échappent, avoue qu’il n’a trouvé en aucun endroit le nom de Sophronie ; ainsi l’éditeur devait s’abstenir de citer Eusèbe comme son garant à l’égard de ce nom. Ce n’est pas la seule faute qu’il a copiée dans les premières éditions. Par exemple, sa locution n’est pas exacte lorsqu’il dit que cette dame peut être appelée la Lucrèce chrétienne ; ce n’est pas là le sens des paroles de Charles Étienne, que Moréri et ses continuateurs ont mal traduites [1].

  1. Dans la dernière édition, l’article de cette dame est corrigé sur le Dictionnaire de M. Bayle, dont notre auteur est encore ici le copiste. Nouv. Observ.

SPANHEIM. Dans cet article il est parlé du feu roi d’Angleterre, Guillaume III, comme s’il vivait encore : ce prince mourut en 1702, et le dictionnaire a été achevé sur la fin de l’année 1704 ; ainsi l’article Spanheim étant dans le dernier volume qui a été imprimé plus de deux années après la mort de ce prince, on aurait pu éviter cette locution, Guillaume prince d’Orange, [a] à présent roi d’An-

  1. Cette censure est juste, et je me servirai de cette occasion pour avertir ceux qui donneront de nouvelles éditions du Moréri, en Hollande, qu’ils doivent rectifier certaines choses dans l’article de Guillaume III, roi d’Angleterre. En premier lieu, on a dit dans cet article qu’étant prince d’Orange il a livré trois batailles à la France, celles de Senef, de Saint-Denis, et de Mons. C’est avoir ignoré que la bataille de Saint-Denis et celle de Mons sont la même ; et ainsi au lieu de trois batailles on en marque seulement deux : on a oublié celle de Cassel. Outre cela il aurait fallu marquer la date de chacune de ces trois batailles, et ne se pas servir du terme livrer qui signifie que le prince d’Orange attaqua, ce qui n’est pas vrai. Il fut attaqué à Senef : on vint au-devant de lui à Cassel : il n’attaque qu’à Saint-Denis, et cela lors-