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TIMOMAQUE. TIRANNION.

sité de sentimens, cette contrariété continuelle entre ceux qui ont abandonné le point fixe de l’unité, ne marquent-elles pas invinciblement la divinité de notre religion ? ne marquent-elles pas que, hors cette unité de l’église, il n’y a plus qu’illusions, que précipices, et que dangers ?

Revenons à Scipion Tetti : ce qui lui attira de fâcheuses disgrâces, telles sur tout que M. de Thou nous les décrit (in vitâ suâ lib. 1), fut son petit Traité des Apollodores. M. Baillet, qui en a parlé dans ses ouvrages, en fait beaucoup de cas ; ce bibliographe aurait dû cependant le louer sobrement ; les erreurs dont on accusait Tetti, et que l’on disait qu’il avait répandues dans ce petit ouvrage [a], n’étaient pas un titre légitime pour mériter l’estime de M. Baillet : à cet ouvrage près, les mœurs de Tetti étaient assez réglées, et Benoît Ægius, qui publia le livre de cet auteur, en dit beaucoup de bien dans ses notes ; et je suis persuadé que si le Tetti ne s’était pas trouvé dans un pays où l’apparence et l’ombre du crime sur certaines matières passent pour le crime même, il n’aurait pas essuyé le triste sort où il se vit exposé à la fin de ses jours [1].

  1. Le traité de Scipion Tetti de Apollodoris a été imprimé à Rome pendant la vie de l’auteur, et dès-là l’on doit préjuger qu’il ne contient point d’hérésies. Mais on se peut convaincre en le lisant qu’il n’y a quoi que ce soit qui puisse déplaire à l’inquisition dans ce petit livre. Ce ne fut point aussi ce qui l’exposa aux persécutions et à la peine de galères. M. Baillet n’a pas eu donc tort de louer ce traité-là, et n’a pu en être détourné par les erreurs que l’on disait y avoir été répandus : personne n’avait dit cela. Rem. de M. Bayle.
  1. Dans l’édition de 1712 on ne trouve pas l’article de Scipion Tetti : mais on le donne dans celle de 1725, tiré mot à mot du Dictionnaire de M. Bayle. Nouv. Observ.

TIMOMAQUE. L’éditeur se trompe quelquefois dans ses supputations arithmétiques ; en voici un exemple : dans l’article de Timomaque, il dit que César acheta de ce peintre le tableau de Médée et d’Ajax, 80 talens qui reviennent à la somme de 48,000 écus : il se trompe, 80 talens font une plus grosse somme de notre monnaie : si on s’en rapporte au savant jésuite qui nous a donné cette belle édition de Pline où il est parlé de Timomaque, et du marché qu’il fit avec César, on trouvera que 80 talens font 19200 [a][1] livres de notre monnaie.

  1. Les imprimeurs de notre auteur ont ici oublié un zéro, et par-là ils l’ont jeté en contradiction, car dix-neuf mille deux cents livres de notre monnaie sont une plus petite somme que quarante-huit mille écus. Le père Hardouin (in Plin. tom. 5, pag. 230) qui est le jésuite qu’on cite ici, prétend que les quatre-vingts talens de Pline font cent quatre-vingt douze mille livres de notre monnaie. Rem. de M. Bayle.
  1. Notre auteur, en copiant ici M. Bayle, s’est mal exprimé. Il dit le Tableau de Médée et d’Ajax, comme si ce n’était qu’un seul tableau. M. Bayle remarque que ce peintre fit un Ajax et une Médée qui furent achetés, etc. Et dans la dernière édition du Moréri, où l’on a corrigé cet article sur le Dictionnaire de M. Bayle, on a mis qu’il fit, entre autres tableaux, une Médée et un Ajax que César acheta, etc. Nouv. Observ.

TIRANNION. Cet article a été assez bien corrigé ; mais on ne devait pas oublier de parler du nombre des livres que cet auteur a faits ; celui qu’il composa pour prouver que la langue latine descend de la langue