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URCÉUS CODRUS.

dans : elles sont châtiées, ornées, brillantes, remplies de science et d’une profonde érudition. Je n’ai rien entendu, continue-t-il, de plus agréable : la diction en est si pure, qu’on dirait que Codrus seul sait parler latin : et quoique ses Oraisons soient pleines de tant de grâces, de plaisanteries, de joie et d’agrément, toutefois la gravité du discours n’en est point affaiblie. » Voilà le jugement de Blanchini, où l’amitié peut avoir eu beaucoup de part. Après tout, Codrus a passé pour un savant, et il mérite ce titre plus que bien d’autres à qui on l’a donné, si ce n’est pas la vanité qui lui a fait dire au sujet des savans : Hic vivimus ambitiosâ paupertate omnes ; sumus litterarum pauperes, et volumus videri omnia scire. « Nous vivons tous dans une pauvreté orgueilleuse, nous sommes pauvres de science, et nous voulons paraître tout savoir. » Entre les amis de Codrus on compte les princes de Forli et de Ferrare, ceux de Bologne ; Politien, Buti, Alde, Tiberti, Magnani, Garzoni ; Guarini et Ripa qui avaient été ses maîtres ; Lambertini, Mimo Roscio, Laurent Roscio, et Pompée Foscarini, Galéace Bentivoglio, protonotaire apostolique, le fit peindre par Francia, homme qui soutenait merveilleusement le nom que les Francia se sont acquis par la peinture.

Parmi le grand nombre de ses disciples, on distingue Jean-Baptiste Palmari, Corneille Volta, Camille Paléoti, Antoine Albergatti, Pérégrin Blanchini, et Philippe Béroalde le jeune, qui fut aussi professeur à Bologne.

Les Œuvres de Codrus furent imprimées pour la première fois à Bologne, en 1502, par Jean-Antoine Platonide, in-folio. Elles consistent en quinze Oraisons ; dix Lettres ; deux livres de Silves, avec quelques Odes au nombre de vingt-deux ; deux Satires ; une Églogue ; quatre-vingt-seize Épigrammes ; et une Chanson pour le jour de la Saint-Martin. Mais entre les ouvrages de Codrus, on trouve encore dans ce volume une préface de Philippe. Béroalde le jeune, adressée à Antoine Galéace Bentivoglio, où l’on nous apprend que c’est à ce dernier qu’on doit le recueil des œuvres de Codrus, dont plusieurs cherchaient à se parer. On y trouve aussi une lettre de Béroalde ; sept poésies de Virgilius Portus ; une Lettre et une épigramme d’un savant de Toulouse, nomme Jean Pin, et une épitaphe de sa façon pour Codrus ; une épître de Blanchini ; et la Vie de Codrus, écrite par ce même Blanchini. Les œuvres de Codrus, avec les pièces dont on vient de parler, furent réimprimées à Venise en 1506, in-folio : à Paris, en 1515, in-4°. : et à Bâle, en 1540, aussi in-4°.

Nous avons vu que Blanchini, parlant des ouvrages de Codrus, dit « qu’il rétablit quelques choses qui s’étaient perdues dans les ruines de la langue latine : » il entend principalement l’Aulularia de Plaute, que Codrus rétablit en suppléant la fin, qui s’est perdue. Ce supplément contient cent vingt-deux vers. Il y a une édition de cette comédie,