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ACCARISI.

parle d’une ville qui eût nom Acarnanie. ] M. Moréri l’assure pourtant. Elle est dans la Sicile, ajoute-t-il, et célèbre par un temple dédié à Jupiter. Il cite Cicero, Or. in Verrem, et Servius in lib. V. Æneid. M. Hofman va beaucoup plus loin ; car il marque deux circonstances : l’une que cette ville était proche de Syracuse ; l’autre qu’elle fut brûlée par les Goths. Il avait lu tout cela dans Charles Étienne. La vérité est que Cicéron parle non d’Acarnanie, mais d’Acradine, l’une des quatre parties de Syracuse. Ea tanta est urbs, ut ex quatuor urbibus maximis constare dicatur, quarum una, etc... altera autem est urbs Syracusis, cui nomen Acradina est : in quâ forum maximum, pulcherrimœ porticus, ornatissimum prytaneum, amplissima est curia, templumque egregium Jovis Olympii[1]. Servius cité par M. Moréri, a dit seulement que l’Acarnanie est une partie de l’Épire [2], non pas un petit pays d’Égypte, comme veut M. Hofman[3].

  1. Cicero in Verrem, Orat. VI, folio 77 verso.
  2. Servius in lib. V, Æneid. vs. 298.
  3. Item regiuncula Ægypti. Servius in Æneid., lib. V, Hofman, voce Acarnania.

ACCARISI (François), jurisconsulte italien, né à Ancône, fit ses études à Sienne. Bargalio et Benevolente y enseignaient la jurisprudence avec assez de réputation. Il eut pour eux beaucoup d’amitié, mais pour le premier bien plus que pour l’autre. Les raisons de cette inégalité étaient naturelles : Bargalio avait eu toutes sortes d’ouvertures de cabinet pour ce disciple[a] ; il l’avait loué extrêmement dans une harangue qui est imprimée et qui contient les éloges des Accarisi, et il lui avait commis en mourant le soin de faire imprimer sa belle Dispute de Dolo. Le premier emploi public de notre Accarisi fut d’expliquer les Institutes à Sienne : ce qu’il fit pendant six ans. On lui commit ensuite l’explication des Pandectes ; et, comme plusieurs ultramontains allaient étudier à Sienne, le grand-duc Ferdinand Ier. voulut qu’ils trouvassent un professeur qui expliquât le droit civil de la manière que Cujas l’avait expliqué. Accarisi fut choisi pour cette charge, et s’en acquitta dignement ; après quoi il fut promu à celle de professeur ordinaire en droit, vacante par la mort de Bargalio, et la remplit avec gloire pendant vingt ans. Sa réputation se répandit : toutes les universités d’Italie le souhaitèrent et lui offrirent des conditions très-avantageuses. Il résista long-temps à ces tentations par la considération des douceurs dont il jouissait à Sienne. Mais, à force de revenir à la charge, on le gagna enfin, et on lui fit perdre la résolution qu’il avait prise de mourir dans son premier poste, résolution qui n’a presque point d’exemple parmi les personnes de son caractère (A). Ce fut Rainuce Farnèse, duc de Parme, qui le fit succomber à la tentation en ajoutant aux promesses qu’il lui fit, et à la gloire de succéder à Sforce Oddus et à Philippe Marini, le grade de son conseiller dont il l’honora. Le grand-duc ne souffrit point qu’Accarisi fût long-temps au service d’un autre prince. Il le fit revenir bientôt (B) en lui donnant la première chaire de jurisprudence dans l’université de Pise. Accarisi quitta donc le duc de Parme, et alla exercer à Pise l’emploi qu’on lui avait pré-

  1. Ab illo factus fuerat omnium suorum studuorum particeps. Nic. Erythræus. Pinacoth. II, cap. XXV.