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ALAINS.

mière fois en 1626, et que l’édition in-folio, dont je me sers, imprimée l’an 1652, avait été revue, corrigée, et augmentée par l’auteur : 2°. que le livre d’Alabaster avait été condamné à Rome, le 30 de janvier 1610 ; et que l’auteur était revenu au giron de l’église anglicane depuis assez longtemps, lors de la première édition du livre de M. Rivet. Voici les termes dont se servit la congrégation de l’Index : je les rapporte, parce qu’il semble que l’on en pourrait inférer que l’Apparat d’Alabaster fut réimprimé à Rome, avec des changemens et des corrections. Apparatus in Revelationem Jesu Christi, Auctore Gulielmo Alabastro Anglo, Antuerpiæ 1607 : Et Antithesis Benedicti à Benedictis Veneti, contra Gulielmuni Witackerum, nisi fuerint ex Correctis ab auctoribus et Romæ impressis, cum approbatione P. Mag. Sacri Palatii. Mais peut-être n’a-t-on voulu signifier, sinon qu’en cas que ces auteurs corrigeassent leurs ouvrages et les fissent imprimer à Rome, avec l’approbation du maître du sacré palais, alors il serait permis de lire cette nouvelle édition. Je crois que c’est le vrai sens. Samuel André, théologien allemand, a fait un livre[1] contre la Cabale de Henri Morus[2], où il rapporte quelques exemples des chimères d’Alabaster[3].

  1. Voyez l’Index Librorum prohibitorum, imprimé à Rome, sous Alexandre VII, p. 206.
  2. Il est intitulé, Examen Cabb. Henr. Mori.
  3. Andr. Examen Cabb. Mori, pag. 55.

ALAINS, peuples barbares qui contribuèrent beaucoup à la ruine de l’empire romain. Pline les place dans l’Europe, au delà des embouchures du Danube[a] ; mais Josephe marque plus précisément leur situation : car il les met proche des Marais Méotides et du Tanaïs[b]. Il décrit une furieuse irruption qu’ils firent dans la Médie et dans l’Arménie, sous l’empire de Vespasien. Ce fut alors que Vologèses, roi des Parthes, fit prier cet empereur de le secourir contre les Alains, et de lui envoyer pour général un de ses fils : sur quoi Domitien fit tout son possible pour obtenir cette commission[c]. Voilà ce qui a pu engager M. Moréri à nous dire, en confondant un peu les temps, que ces barbares s’étaient déjà fait connaître du temps de Domitien. Mais ce défaut d’exactitude chronologique est peu de chose, si on le compare avec le reste. Il nous conte que les Alains se joignirent aux Vandales, aux Suèves, et puis aux Goths, au commencement du Ve. siècle ; qu’ils combattirent contre les Français, l’an 505 ; qu’ils ravagèrent les Gaules ; qu’ils avaient pour chef Gonderic, fils de Aodegigile ; que vers l’an 509 ils passèrent en Espagne ; qu’ils s’y établirent, et qu’ils y furent défaits par Vallia, roi des Visigoths, en 418. Il n’est pas aisé de comprendre que de pareilles méprises puissent ne pas sauter aux yeux du lecteur ; car enfin, des peuples vaincus en 418, dans un pays où ils sont passés environ l’an 509, devraient réveiller l’attention la plus languissante. La vérité est que M. Moréri a fait un anachronisme de cent ans. Les Alains s’avancèrent, en 406, des bords du Danube jusqu’au Rhin, sans trouver nulle résistance ; et ayant été joints par les Vandales réchappés d’une bataille perdue contre les Francs, ils entrèrent

  1. Plinius, Hist. Natur., lib. IV, cap. XII, et non pas cap. XI, comme dans Moréri.
  2. Joseph., de Bello Judaïco, lib. VII, cap. XXIX.
  3. Cùm Vologeses Parthorum Rex auxilia adversùs Alanos ducemque alterum ex Vespasiani liberis depoposcisset, omni ope contendit ut ipse potissimùm mitteretur : Sueton. in Domit., cap. II.