Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique (1820) - Tome 1.djvu/411

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
365
ALBUTIUS.

j’y renvoie mes lecteurs, et je n’examine pas même si tout ce qu’il en a dit est correct. Je remarquerai seulement une chose qu’il ne dit pas : c’est qu’il ne reste plus de mâle de cette grande maison, depuis que le marquis d’Albret[a] fut tué en Picardie, dans la maison du marquis de Bussi-Lamet. Il avait épousé la fille unique du maréchal d’Albret, son oncle, l’an 1662 ; mais il ne vint nuls enfans de ce mariage. Apparemment le maréchal consulta plus les intérêts de sa maison que l’inclination du cousin et de la cousine ; car on dit qu’il n’y eut guère de bonne intelligence entre le mari et la femme. Elle s’est remariée avec le comte de Marsan, l’un des fils du comte d’Harcourt. Le marquis d’Albret, son premier mari, était en état d’arriver aux premières charges de la guerre, il était déjà maréchal de camp, et il devait achever la campagne de 1678, sous le maréchal de Schomberg, qui fut envoyé sur les frontières de Champagne, au commencement du mois d’août. Pendant que son camp volant s’approchait de Charleville, le marquis d’Albret lui demanda congé pour quelques jours. On n’a point douté que ce ne fût pour une affaire de galanterie. Quoi qu’il en soit, il fut tué chez le gentilhomme ci-dessus nommé, qui se tira fort bien d’affaire, en justifiant son alibi[b]. Voila le lit d’honneur où périt le seul rejeton qui restât de tant de héros. Sa famille avait mérité de finir dans une occasion plus glorieuse. Le maréchal d’Albret était mort gouverneur de Guyenne deux ans auparavant. Il avait obtenu, en 1653, le bâton de maréchal de France : ceux qui ont dit qu’il le mérita pour s’être assuré de la personne du prince de Condé, ne savent pas bien la chose. Ce ne fut point lui qui l’arrêta (ce fut M. de Guitaud[c] ) : il ne fit que conduire les princes au bois de Vincennes. Il commandait alors les gendarmes de la garde. Il avait appris en Hollande le métier de la guerre, et s’appelait le comte de Miossens. C’est sous ce nom-là qu’il reçoit beaucoup d’éloges dans un écrit de M. de Saint-Evremont[d]. Il fut fait chevalier des ordres du roi, le 1er. de janvier 1662, et gouverneur de Guyenne, au mois de novembre 1670. Il avait épousé, en 1545, Magdeleine de Guénégaud, fille puînée de Gabriel de Guénégaud, trésorier de l’épargne[e]. Il a été l’un des héros de Scarron : cela paraît clairement dans les ouvrages de cet écrivain.

  1. Il s’appelait Charles Amanjeu d’Albret.
  2. Voyez la Lettre CXX de Bussi-Rabutin, 1re. partie, pag. 262, édition de Hollande.
  3. Voyez Benjaminus Priolus, de Rebus Gallicis, lib. V, cap. III.
  4. Voyez les Œuvres diverses de Saint-Evremont, tom. II, pag. 71, 77 et suiv. édition de Hollande en 1693.
  5. Voyez le père Anselme, tom. II, p. 285.

ALBUNÉA, lieu célèbre proche de Tibur[1], en Italie. Voyez la dernière remarque de l’article Tibur.

  1. Aujourd’hui Tivoli.

ALBUTIUS SILUS (Caius), orateur celebre du temps d’Auguste, était natif de Novarre,