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ALDROVANDUS.

sous la presse des livres si dignes de voir le jour[1].

(C) Il ne faut pas lui attribuer toute la gloire due à sa compilation. ] Il paraît par la Bibliothéque des livres de médecine, que la plupart des volumes de l’Histoire naturelle d’Aldrovandus ont été imprimés après sa mort[2]. L’Ornithologie[3], en trois volumes in-folio, et les sept livres des Insectes, en un volume de même taille, sont les seuls qu’il ait donnés au public. Le volume des Serpens, les trois volumes des Bêtes à quatre pieds, le volume des Poissons, celui des Animaux qui n’ont point de sang, l’Histoire des Monstres, avec les Supplémens de celle des Animaux, en douze volumes, le Traité des Métaux, la Dendrologie[4], ont paru en divers temps, par les soins de différentes personnes, depuis la mort d’Aldrovandus. En effet, le volume des Serpens a été mis en ordre, et sous la presse, par Barthélemi Ambrosin[5]. Celui des Quadrupèdes au pied fourchu fut mis en ordre, premièrement par Jean Corneille Uterverius, et puis par Thomas Demsterus, et publié par Marc-Antoine Bernia et par Jérôme Tamburin. Celui des Quadrupèdes au pied continu, et celui des Poissons, ont été mis en état par Uterverius, et publiés par Tamburin. Celui des Quadrupèdes à doigts ou à griffes a été compilé par Ambrosin. L’Histoire des Monstres, et les Supplémens, ont été rassemblés par le même, et publiés aux dépens de Marc-Antoine Bernia. La Dendrologie est l’ouvrage d’Ovide Montalbanus[6].

(D) Il y a tel volume de sa compilation, dont il n’a fourni que le modèle. ] M. l’abbé Gallois a si bien représenté le jugement qu’il faut faire sur ce gros ouvrage, que j’ai cru qu’on me saurait plus de gré de la copie que de l’abrégé de ce qu’il a dit. Voici donc ses propres termes : « Aldrovandus n’est pas l’auteur de ce livre[7], non plus que de beaucoup d’autres qui ont néanmoins été publiés sous son nom : mais il est arrivé au recueil de l’Histoire naturelle, dont ces livres font partie, comme à ces grands fleuves qui conservent pendant tout leur cours le nom qu’ils avaient à leur source, quoiqu’à la fin la plus grande partie des eaux qu’ils portent à la mer ne leur appartienne pas, mais à d’autres rivières qu’ils reçoivent. Car, comme les six premiers volumes de ce grand ouvrage étaient d’Aldrovandus, quoique les autres aient été composés depuis sa mort par différens auteurs, on n’a pas laissé de les lui attribuer, soit parce que c’était la continuation de son dessein, ou parce qu’on s’était servi de ses Mémoires, ou parce qu’on avait suivi sa méthode, ou peut-être afin que ces derniers volumes fussent mieux reçus sous un nom si célèbre[8]. Ceux qui voudront savoir le plan de cette compilation, n’auront qu’à jeter les yeux sur les paroles suivantes ; c’est M. l’abbé Gallois qui continue de parler : « On n’a presque rien écrit de ces arbres, qu’il ne se trouve ramassé dans ce volume. Car cet auteur ne se contente pas de rapporter tout ce qu’il en a lu dans les naturalistes, il remarque encore, suivant la méthode d’Aldrovandus, ce que les historiens en ont écrit, ce que les législateurs en ont ordonné, et ce que les poëtes en ont feint. De plus, il explique les différens usages auxquels on emploie ces arbres dans l’œconomique, dans la médecine, dans l’architecture et dans les autres arts. Enfin, il parle des moralités, des proverbes, des devises, des énigmes, des hiéroglyphes, et de quantité d’autres choses qui regardent ce sujet[9]. » Il n’avait pas négligé de consulter les médailles, et d’en tirer ce qui pouvait lui servir [10].

(E) Un poëte, qui a été pape, l’a loué d’une manière bien tournée. ] Je

  1. Bullart, Académie des Scienc., tom. II, pag. 110.
  2. Mercklinus, in Lindenio renovato, pag. 1047.
  3. C’est-à-dire, l’Histoire des Oiseaux.
  4. C’est-à-dire, l’Histoire des Arbres.
  5. In patrio Rononiæ Archigymnasio Simpl. Med, Professor ordinarius Musæi illustriss. Senatùs Bonon., et Horti publici Præfectus.
  6. Ex Lindenio renovato, pag. 1047.
  7. De la Dendrologie.
  8. Journal des Savans, du 12 de novembre 1668, pag. 425.
  9. La même.
  10. Voyez Spanhem. de Præst. Numism., Dissert. III, sub fin. pag. 252.