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AMMONIUS.

la Turco-Græcia de Crusius, dit que le protovestiaire de l’empereur de Trébizonde s’appelait George ; qu’il était d’une mine avantageuse, et d’une si grande adresse à tirer de l’arc, qu’il y surpassait tous les Grecs et tous les Turcs ; qu’il était fils d’une fille d’un prince chrétien appelé Iagrus, qui avait marié son autre fille en Servie, où elle eut un fils qui fut le renégat Machmut[1]. Très-volontiers je mettrais une virgule dans le passage de Dorothée, après Ἀμυροὑτζην, afin de faire deux personnes de ce philosophe et du protovestiaire, qu’Allatius confond ensemble.

  1. Guillet, Histoir. de Mahomet II, tom. I, pag. 439.

AMMIEN-MARCELLIN. Voyez Marcellin.

AMMONIUS. Plusieurs écrivains ont porté ce nom. Athénée cite deux ouvrages de très-différente nature, composés par un auteur qu’il appelle Ammonius. L’un traite des autels et des sacrifices [a] ; l’autre traite des courtisanes d’Athènes (A). Il ne dit point positivement que ces deux livres soient du même Ammonius ; mais d’autre côté il ne dit rien qui insinue le contraire ; et quant au reste il ne touche rien ni sur la patrie ni sur le siècle de cet auteur. On sait par une autre voie la patrie de celui qui a composé l’ouvrage des autels et des sacrifices (B). Il était de Lampria[b]. Le Suidas que nous avons aujourd’hui ne parle que d’Ammonius Saccas ; mais il ne faut point douter que le véritable Suidas n’ait fait mention d’un Ammonius différent de celui-là ; car ce qu’on trouve dans son Dictionnaire ne peut pas avoir été dit d’un seul homme. Il est impossible que le même Ammonius ait abjuré la foi chrétienne, et qu’il ait succédé à Aristarque dans l’école d’Alexandrie, avant l’empire d’Auguste. Voilà les deux choses que l’on trouve dans Suidas sur le chapitre d’Ammonius. Aurait-il été assez ignorant pour les croire compatibles ? Je n’y vois point d’apparence. Quelqu’un [c] a conjecturé qu’il faut supposer une lacune dans ce passage [d], et que Suidas pourrait bien avoir parlé de l’Ammonius d’Athénée dans cette lacune. Si cela était véritable, il faudrait dire que le Traité des Sacrifices et des Autels, ou celui des Courtisanes d’Athènes, ou tous les deux, ont été écrits par un grammairien qui fut successeur d’Aristarque. Le second Ammonius dont je veux parler est un philosophe d’Égypte [e]. Plutarque, dont il avait été précepteur, fait souvent mention de lui. Voyez en particulier la page 70 et la 385e de ses Œuvres morales, à l’édition de Francfort, en 1620. Mais on avance très-faussement dans le Moréri, qu’il en a parlé avec éloge, surtout sur la fin de la Vie d’Aristote (C). M. Moréri n’est pas plus heureux par rapport à Ammonius, fils d’Herméas (D), auquel il donne, entre autres livres, un ouvrage composé sous l’empire de Valentinien. Cet Ammonius était fils et frère de philosophe [f]. Les savans croient qu’il a

  1. Athen., lib. XI, pag. 476.
  2. C’était une ville de l’Attique.
  3. Jonsius, de Scriptor. Hist. Philos., pag. 169, et dans l’Index.
  4. Gesner le cite dans sa Bibliothéque, sans faire paraître qu’il en ait senti l’absurdité.
  5. Eunapius, Proœmio Vitar. Sophist.
  6. Suidas, in Ἐρμείας. Voyez ci-dessous l’article Hermias.