Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/16

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exemplaire parfait d’une race, d’un milieu, d’une influence consciente d’elle-même et acceptée. Son visage, peu mobile, avait une expression réservée, et l’on devinait que la maîtrise de soi, la réflexion, l’exacte bienséance, le sentiment du rang, — non pas l’orgueil, ni la vanité, mais le sentiment de la hiérarchie, — formaient chez elle une habitude de toute la vie. Son accueil n’était pas sans grâce. Elle avait dû avoir dès la jeunesse cette jolie façon d’incliner la tête, et d’arrêter, sur celui qu’elle saluait, ce regard attentif et rapide qui signifiait : « Vous êtes reconnu ; votre nom, votre famille, les conversations échangées il y a huit jours, deux mois, trois ans, cinq ans, tout cela est inscrit dans l’honorable mémoire de Cecilia Fergent, lady Breynolds. »

Avec quelques dames, qui avaient mis leur chaise près de la sienne, en demi-cercle, et qui pouvaient se croire, en ce moment, de son intimité, elle se montrait gaie et vraiment jeune encore. Elle causait avec vivacité. La belle droiture de sa vie riait dans son rire. Conversation banale d’ailleurs, et qui avait pour sujet tout ce monde passant des promeneurs. Parfois, souvent