Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/21

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d’un mot juste, drôle, chuchoté le plus souvent, et qui faisait rire tout le cercle ; ils laissaient s’agiter les femmes, créatures faibles et nerveuses, qui diminuent toujours le sérieux d’un sport, et dont le vrai rôle est de charmer les vainqueurs. Pas de galanteries trop directes, d’ailleurs ; pas de phrases étudiées à l’adresse d’une voisine. Mais si l’une des jeunes filles, un peu jolie ou d’allure hautaine, levait les bras pour rattacher ses cheveux, vantait le jeu d’un partenaire ou d’un adversaire, ou s’approchait pour tendre une assiette de gâteaux ou de toasts, alors un éclair passait, dans les prunelles de ces jeunes léopards aux aguets.

— Je suppose, Réginald, que vous avez félicité mademoiselle Marie Limerel ? Elle a très bien joué.

Et comme Réginald répondait, simplement, sans le moindre pathétique : « Oh ! yes ! » lady Breynolds, ne jugeant pas la louange assez complète, ajouta :

— Oui, très bien, très bien.

— Comme une Anglaise, madame ? dit une voix d’un beau timbre, souple, presque basse, où la nuance d’ironie était indiquée à peine,