Page:Beauchamp - Mémoires secrets et inédits pour servir à l’histoire contemporaine, tome 2.djvu/113

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lui comme nous avons été à Napoléon ; ce n’est pas l’homme que nous avons servi, c’est la chose. Nous sommes Français avant d’être soldats. » Et ils le disaient dans la sincérité de leur âme.

Louis XVIII ne put pas venir au secours des prisonniers français aussi promptement que son cœur l’aurait désiré. Il avait été convenu, par le traité de Paris, entre le gouvernement russe et le gouvernement français, que les puissances contractantes se rendraient les prisonniers sur leurs frontières respectives. Cet article du traité fut mal interprété en France. On crut que la Russie s’était engagée à faire transporter les prisonniers jusqu’au Rhin. Mais à peine se fut-on aperçu de cette fausse interprétation, que le Roi s’empressa d’envoyer des commissaires avec des fonds considérables, et des lettres de crédit sur plusieurs banquiers, pour porter des secours à ces infortunés, dont il avait ignoré jusqu’alors la situation déplorable et l’abandon involontaire.