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sa famille, et sur ses moyens d’existence. « Combien avez-vous d’enfans ? — Sire, je n’ai qu’un fils, qui est au Lycée de Varsovie. — Dès ce moment, je me charge de son éducation et de son sort : j’en aurai soin. »

Le maître de poste étant arrivé, Napoléon lui demande combien il lui faut de temps pour le mener à Varsovie. « Quarante heures, répond le maître de poste. — Pouvez-vous m’y conduire ? » Le maître de poste hésite. « J’exige que ce soit vous qui m’accompagniez jusqu’à cette destination : ma reconnaissance sera sans bornes. » Il tire une carte de sa poche, et lui indique la route qu’il devra tenir ; puis, lui montrant deux pistolets, il s’écrie d’un ton menaçant : « Si vous vous écartez de la ligne que je vous trace, je vous brûle la cervelle. » Le maître de poste protesta de son dévouement ; et en effet, il le conduisit à Varsovie, en traîneau, dans l’espace de trente-trois heures.

En passant à Hanau, Napoléon logea à l’auberge du Grand-Cerf. Il affecta beaucoup