Page:Beauchamp - Mémoires secrets et inédits pour servir à l’histoire contemporaine, tome 2.djvu/14

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Persuadé que le succès d’une entreprise aussi gigantesque dépendait des élémens qui devaient concourir à son exécution, il s’attacha à reculer de plus en plus les limites du territoire français, et à se concilier l’esprit des peuples qui, par leur position géographique, pouvaient opposer le plus grand obstacle à ses desseins. S’il ne parvenait pas à les entraîner, il voulait les forcer en quelque sorte de s’allier à son projet de domination universelle. Ce fut ainsi qu’il donna le duché de Varsovie au roi de Saxe, qui descendait des anciens rois de Pologne ; qu’il stipula que la ville de Dantzick, dont il avait fait une place d’armes, lui appartiendrait jusqu’à la conclusion de la paix maritime ; qu’il mit tous ses soins à entretenir les inimitiés existantes entre la Russie et la Porte ; qu’il refusa de signer avec l’empereur Alexandre une convention par laquelle il s’engagerait à ne jamais reconnaître le royaume de Pologne, sous le prétexte futile qu’un tel acte serait incompatible avec sa dignité. Enfin, après l’abdication de son frère Louis, roi de Hollande, qu’il avait forcé précédemment à lui céder la Zélande, le Brabant et la partie de la Gueldre située sur la rive gauche du Waal, il réunit à la France