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miliariser insensiblement avec l’idée d’une captivité rigoureuse, et avec les ennuis inséparables d’une existence aussi pénible. Ces moyens nous réussirent complétement. Ces hommes, naguère affaissés sous le poids du malheur, retrouvèrent bientôt leur gaîté native ; et pour la première fois sans doute, ces contrées sauvages que nous habitions, retentirent des airs chéris de notre belle patrie.

Le moment de la délivrance arriva. Les événemens de 1814 rendirent la liberté à notre petite troupe. Mais ce bonheur, après lequel nous soupirions depuis dix-huit mois, M. Alloard et moi, nous ne devions pas le goûter encore. On nous proposa de prendre du service en Russie ; nous refusâmes, et l’on prolongea notre captivité. Ainsi nous eûmes la douleur d’être encore une fois séparés de nos compagnons d’infortune. Mais à quelle époque ? au moment où il nous était permis d’entrevoir un avenir plus heureux, au moment où le ciel semblait exaucer nos vœux les plus ardens !…