Page:Beauchamp - Mémoires secrets et inédits pour servir à l’histoire contemporaine, tome 2.djvu/181

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du voyage ; car, quelque précaire et pénible que fût sa position, partout on le faisait payer en roi de France. Les gardes-du-corps, à qui il avait été fait de si belles promesses, furent pendant quelque temps à la commisération des habitans. M. de Leendorf, gouverneur de Mittau, n’avait reçu aucun avis à leur sujet, bien moins encore d’ordre ; et en Russie, rien ne peut se faire sans ordre. Dès ce premier moment on leur désigna bien une maison ; mais indépendamment qu’il s’en fallait de beaucoup qu’elle fût d’une grandeur suffisante, il n’y avait que les quatre murs, pas un lit, pas une paillasse, pas même une botte de paille, et absolument rien de ce qui était nécessaire pour le chauffage. L’ordre pour l’habillement (car le leur était en lambeaux) et pour la paie fut plus de six mois à recevoir son exécution ; la paie était si modique, qu’il fallut que le Roi y ajoutât un supplément ; et encore, dans cette circonstance, pour ne pas blesser l’amour-propre de l’empereur, et son extrême susceptibi-