Page:Beauchamp - Mémoires secrets et inédits pour servir à l’histoire contemporaine, tome 2.djvu/201

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je me croisai dans la grande rue avec deux chaises de poste, escortées par des soldats du corps-de-garde de la ville ; ce qui indiquait que c’était des voyageurs étrangers. Présumant qu’ils allaient à l’hôtel Saint-Pétersbourg, et que ce pouvait être Dumouriez et sa suite, je retournai sur mes pas, et assez vite pour devancer les voitures et pour avertir plusieurs gardes-du-corps ; mes présomptions les déterminèrent à l’attendre. Je vis bientôt descendre de la première voiture un gros homme court, affublé d’une pelisse énorme, qui le doublait de volume coiffé d’un bonnet fourré. Me trouvant le premier sur son passage, il me dit avec un air assez interdit et peut-être embarrassé de nos croix de Saint-Louis et de ma cocarde blanche, « Monsieur, je suis Dumouriez ; je viens ici par l’ordre de l’Empereur et avec l’agrément du Roi : oserais-je vous prier de me dire les moyens de faire savoir à M. le comte de Saint-Priest, que je suis arrivé et que j’ai de l’argent à lui remettre. » Je lui répondis