Page:Beauchamp - Mémoires secrets et inédits pour servir à l’histoire contemporaine, tome 2.djvu/214

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ses usages pour se faire l’idée d’une telle société, de la puanteur insupportable ainsi que des nausées de tabac, de bière et d’eau-de-vie qui en émanent. Un petit hangar où je passai la nuit, était à côté d’une espèce de fournil, où coucha notre adorable Princesse. Elle ne le sut que le lendemain matin ; la trouvant à six heures à sa porte elle daigna me dire : « Si je vous avais su si près de moi, j’aurais été plus tranquille ; j’ai craint toute la nuit qu’on ne vînt enfoncer ma porte. Nous sommes ici dans une caverne de voleurs. » Navré de sa position, je ne pus m’empêcher de le témoigner. « Je ne suis point à plaindre, me répondit-elle, je ne souffre que de voir tant de malheureux autour de moi. »

Le 24, de grand matin, Picard est arrivé porteur d’une note de M. Henrion contenant l’avis que, malgré les engagemens pris, malgré la procuration donnée par le Roi à M. le duc d’Aumont, pour signer le reçu des 100,000 roubles, et qu’il a assuré lui-même à Sa Majesté, être suffisante, le vice-gouverneur