Page:Beaugrand - Anita souvenirs d'un contre-guérillas, 1874.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
17
SOUVENIRS D’UN CONTRE-GUÉRILLAS

nicipal, où l’on me fit attendre le bon plaisir de Son Excellence le général commandant supérieur.

Si l’exactitude est la politesse des rois, il nous a toujours paru évident que les rois du Mexique devaient être d’une impolitesse criante, à en juger par la conduite des fonctionnaires de la république actuelle.

On me fit attendre deux longues heures sans boire, ni manger ce qui me parut d’un mauvais augure pour la bonne humeur du général.

Quand la vie d’un homme est en jeu, il devient superstitieux en diable, et les événements les moins importants sont à ses yeux des pronostics sérieux.

On me transmit enfin l’ordre d’avancer, et je me trouvai, en présence de celui qui allait décider, si, selon la coutume, je devais aller avant longtemps me balancer au bout d’un lasso, suspendu aux branches de l’arbre le plus voisin.

J’entrai d’un pas ferme et en prenant un air assuré qui s’accordait assez mal avec les idées noires qui se croisaient dans mon cerveau.

Plusieurs officiers étaient assis autour d’une table couverte de cartes et de dépêches. Le général, en petite tenue, arpentait la salle de long en large et semblait absorbé dans ses pensées. Au bruit que