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LETTRES DE VOYAGE

comme des acteurs en scène ou des agités, des impatients ou des enfants terribles. Ce n’est pas sans tristesse que nous voyons les étrangers nous méconnaître et nous ignorer, même en nous étudiant sur place. C’est une joie profonde pour nous d’ouvrir nos réunions, notre cœur, nos familles, à des Français du Canada, que nous aimons comme nos compatriotes les plus chers. Oui ! la caractéristique de notre race c’est la chaleur et la bonté du cœur unis à l’élan de l’imagination. Malgré les paroles et le fracas que l’on fait parfois, je n’ai jamais vu chez nous de haine véritable contre personne, même contre nos ennemis les plus haineux. La race n’a pas changé, elle a seulement passé à l’école du malheur qui la rendra plus forte. Elle fait l’apprentissage de l’absolue liberté que le vieux monde ne pouvait acclimater chez lui sans des crises sérieuses. Ces crises passeront : cette agitation passionnée n’est pas ce qui tue un peuple. Je reste donc optimiste, et ce qui m’y engage le plus, c’est de voir ce que sont devenus, ce que deviendront nos chers compatriotes du Canada, qui ont résisté à tout, qui ont grandi malgré tout, et que nous sommes si fiers de compter