Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/659

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« Prenez vos passe-ports, me dit-il, et partez. Allez trouver M. de Maulde de ma part et faites ensemble pour le mieux de la chose. —— Et sur quel fondement, monsieur, voulez-vous qu’il m’en croie cuter les devoirs que le traité du 18 juillet . si vous, ministre, qui lu mettez en œuvre, ne.joignez pas une adhésion entière à ce traité, passé par vos prédécesseurs, en lui donnant l’m In ministériel dt Vexécutei-entowtpointïien’en ai nul besoin pour moi, mais lui ne marche que sur < ofre ordre.

« — Il faut bien qu’il le fasse, me dit vivement te ministre, eut ma lettre le lui enjoint : c’est le titre que je lui adresse par vous. Je vais le certifiée !, en l’insérant dans mon paquet. » Il écrivit en ma présence, au bas de l’acte du 18 juillet, ces mots : « Pour copie conforme à l’original. Paris, ce 20 septembre 1792.

« Le ministre des affaires étrangères

" Signé Lebrun. »

Il rouvrit son paquet à M. de Maulde, pour ajouter un post-scriptum relatif à la reconnaissance, à l’adhésion et à l’envoi qu’il lui faisait du lx juilli l.

« Et le cautionnement, lui dis-je, ne le remettez-vous pas ? C’est là le préalable à tout ; et je ne puis partir, si je ne l’emporte avec moi. « — Il vaut mieux pour vous et pour moi (me dit-il sans me regarder) que je l’envoie à M. de Maulde, puisque, l’affaire étant à nous, c’est pour nous qu’il doit h dormi r ! Soyez sûr qu’il le recevra ai on " ée à la Haye.

« Quant aux fonds que l’on vous refuse, ajouta-t-il obligeamment, vous avez raison de voit Mais si vous avez, pour finir, besoin de deux cent mille francs, ou même de cent mille écu nerai l’ordre à M. de Maulde de vous les compte ! sur vos demandes. Il a sept cent mille francs à moi, et je les prends sur ma responsabilité. • Vous me ferez même plaisir, si vous voulez, vous, négociant, sur les notes que je vous remettrai, vous informer du prix des qualités îles toiles, et d’autres objets importants, sur lesquels je serai fort aise d’avoir les avis d’un homme sage. Laissez-moi l’acte et le paquet, et revenez demain matin ; je vous les remettrai avec toutes mes notes. — C’est sur la foi, monsieur, de vos paroles que je pars, lui dis-je en le fixant beaucoup. — Vous comph r, o dit-il en détournant les yeux. J’y retournai le lendemain, 21 septembre ; on m’annonça : le domestique revint, et me remit une simple lettre à l’adresse de M. de Maulde. ■ Le ministre ne peut vous voir. Il vous fait disant qu : M.’àl pas autre • •

dire, que le trait’1 était inséré dans la lettre, et que je partisse au plus tôt.

Bravo ! me dis-je :’iuss> vais-je partir, après autant de jours perdus, sans aucun secours de personne, sans savoir si j’emporte et l’acte certifié et l’ordre de l’exécuter, ou quelque lettre insignifiante comme toutes celles qu’ils écrivent ! Je pris tristement mes passe-ports, et fus trouver une personne qui devait me taira pister 1 argent « pu m’était nécessaire : car je ne comptais plus sur celui de M. L brun.

L’homme me dit : — Monsieur, votre emprunt est manqué ; l’on vous regarde comme un homme proscrit que le gouvernement veut perdre, et les bourses vous sont fermées.

Je revins chez moi, où je pris le peu d’orque tout homme sage met en réserve pour les cas imprévus. Les écus que je destinais pour le trésor national, quand ou m’aurait niais mes fon /-. je les portai chez un banquier, pour avoir un crédit de pareille somme sur la Hollande ; et je partis avec trente mille francs, au lieu des fortes sommes qui m’étaient nécess ont si traîtreusement gardées ! Je partis d me, mais non sai l’ait une protestation contre toutes les horreurs que j’avais éprouvées de nos ministres, et que je voulais déposer cachetée chez mon notaire, r être ouverte en temps et lieu, en cas de mort ou de malheur. Mais la crainte qu’un acte de dépôt de ce paquet cachot.’ne leur d lât, avant le temps, l’éveil sur ma protestation, qui ne devait paraître que dans le cas où le ministre Lebrun manquerait à toutes ses paroles, m’a fait changer d’avis. Je l’ai laissée cachetée sur la table de mon secrétaire fermé, où elle sera trouvée quand on li scellés qui ont été mis chez moi lors du décret d’accusation. Je demande qu’elle soit ouverte et lue en présence des commissaires qui feront l’inventaire de mes papiers, afin qu’elle devienne authentique.

En attendant, je la transcris ici, sur copie que j’en ai gardée.

À Londres, ce S février 1703.

Ma protestation contre les ministres, depo <■ • >.cle chez Me  Dufouleur, notaire, rut Montmartre. Ne sachant plus ce que le sort me garde, ni si je réussirai à vaincre les obstacles que des méchants, des traîtres accumulent chaque jour contre l’arrivée en France des fusils dont la nation a tant besoin, et que les Hollandais nous retiennent à ■

Je iln lare que les manœuvres qui partirent dire, monsieur, de monter au bureau prendre vos d’abord de l’intérieur des bureaux de la guerre passe-ports, et de partir pour la Hollande. « Étonné d’alors sont devenues depuis celles des ministres de la réception : "Mon elur. lui dis-je, demandez— actuels. lui si le traité d’hier est dans la lettre qu’il m’en—)

Je déclare que ces ministres ont fait ce qu’ils

voie, e£ s’il a ou&fté ses « oies. » Il eatra, et revint, me

ont pu (et n’ont que trop réussi) pour arrêter