Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/673

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ches auprès de M. Lebrun. Il est visible que cette fin d’affaire est un piége affreux qu’on vous tend : il est prouvé qu’on voit avec plaisir que vous y avez compromis une partie importante de votre fortune. Il ne s’agit plus pour vous de solliciter ni faveur ni justice. Ce n’est plus cela qu’il faut obtenir, c’est vengeance ! c’est adressé à la Convention, et la punition des coupables.

.. J’ai l’honneur de vous répéter que l’on ne veut point de tus armes : ils veulent votre mine entière ; vous compromettre, si on le peut, aux yeux de toute la nation, p ur vous perdri avec plus d’audaci’ « Je viens d’écrire à H*** que je n’ai pas bien compris ce qu’il m’a dit ; que, pour ne pas hasarder près de vous une lettre insignifiante sur une affaire aussi importante, il convient qu’il me trace de sa main ce que j’ai mal entendu. « Voici ma lettre à 11***, absolument dans son beau style :

« Je t’avais demandé un entrelien particulier, el ton cabinet se remplissait à mesure que je te parlai-. Je no t’ai pas bien entendu ; écris-moi ta réponse, parce que je dois la transmettre à mon commettant. Voici ma question : Donnera-t-on le cautionnement tant de fois promis et non obtenu. Tu vois que j’ai profité de la leçon, que la politesse esl bannie de notre société ! Sois vrai, c’est toul ce que je te demande. Adieu, fl*** : j’attends ta réponse. Vvecun homme de ton caractère on uedoil point attendre. « Signé Gudin, républicain tout aussi fier que toi. »

Il nous revient une réponse de ce burlesque homme d’État, nommé, dit-on, le Lièvre, qui, allemagnisant son nom pour qu’il fût moins commun, el presque aussi original que lui, s’est l’ait appeler Il ", comme qui dirait aimant le lièvre. Mais, avant de la présenter, rappelons-nous sa réponse verbale, si sage et si digue delui : Nous n’avons aucun besoin d’armes : nous en avons plus qu’il ne nous en faut : qu’il fasse des siennes tout ce qui bon lui semblera.’

Quoi ! monsieur, c’est sérieusement que vous qous dites ces folies ? quand il s’en faut de plusde nt mille fusils que nous n’en possédions le nombre nécessaire ? Votre ministre Poche, bien mieux instruit que vous, surtout plus véridique, répond en ce mois de janvier, auconscil général de la commune de Paris, d’un autre ton que son chef de bureau :

« J’ai reçu la lettre que vous m’avez écrite, par laquelle vous demandez le remplacement des armes que les citoyens de Paris ont données. Malgré l’envie que j’ai d’armer promptement les citoyens de Paris, il m’est impossible d’effectuer, quant a présExr. le remplacement d’armes que vous demandez : LA RÉPUBLIQUE SE TROUVE DANS UNE TELLE pénurie d’armes, que je puis à peine suffire à l’armement des bataillons de volontaires qui deman lient à voler à l’ennemi.

<i Si’jnè Pache. »

Certes il y a quelqu’un qui ment entre le maître et le commis. Ce n’est point le ministre, el j i n trouve la preuve dans la réponse du commis.1 Gudin, mon chef de bureau :

« Détruisons l’obscurité !

(i La question que lu poses : Donnera-t-on h eau tionnement tant di fois promis et non obtenu ? n’est point du tout celle à laquelle je puisse et je doive repondre.

n II faut, axant tout, que j’aie une réponse décisive à cette question : A-t-on rempli les engagements du premier et du deuxième marché ? Rien ne le dit dans la correspondance et dans les pii ces qui —"lit dans les bureaux. »

Me— lecteurs doivenl être instruits qui 11. irçon de fourneau d’un chimiste avant d’être premier commis), au lieu de souligner les phrases qui le sont dans celte copie, les a écrites en encre noire, le reste de Pépitre étant à l’encre rouge. Les savants onl beau faire, il— ne sauraient se déguiser ! Gudin lui réplique a l’instant :

Tu réponds a ma question par une autre : cela n’est plus répondre. Et cependant tu dis : Détnti-’ii itt ! Ce que je demande est le mot de l’affaire. Sans cette satisfaction, elle est perdue. Est-a à ceux qui mettent les entraves à demander si les engagements sont remplis ? si ce que tu as de la correspondance esl insuffisant pour L’éclairer, on ne t’a pas tout remis.

’■ L’homme dont je stipule les intérêts n’en a rien perdu ni égaré. Llle lui a déjà servi à lui sauver la vie, à lui mériter les certificats du civisme le plus pur. J’aime à me persuader qu’elle lui servira encore dans cette occasion. ■■ Tout homme qui voudra l’examiner sans prévention n’y verra que gloire pour lui ! a Au surplus, si tu cherches la vérité, dis-moi sans nul détour en quoi consistent les engagements du premier marché, ainsi qui ceux du second, dont tu minus a reprocher V’inexécution. » Le Huron n’a plus répondu ; mais il a fait la belle lettre signée Vache, a M. de Maiiklc. sur le maréchal di camp la Hogue et sur moi, où l’on voit le gâchis que j’ai analysé, et que j’ai appelé chefd’œuvre d’ignorance. J’en demande pardon hPacke, Qui l’obligeait à signer cette lettre d’un insensé ? El c’est ce M. ii*** qu’on charge des dépouillements ; d’une affaire aussi capitale, qui n’a pas la moitié des pièces, qui ne sail ce qu’il lit, pas plus que ce qu’il trace : lequel, bien ignorant des faits, mais n’eu vnnlant pas moins détruire [ainsi qu’on le voit s’en vanter) un traité dont il ne sait rien, pas même les clauses qu’il contient, a fait tout le tra~