Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/674

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vail de mon accusation, travail dont l’ineptie m’avait tant étonné, avant d’être averti qu’il était du Lièvre !

Dieu ! que la défense est épineuse et longue sur l’attaque la plus absurde, quand on ne veut rien oublier ! Hâtons-nous, finissons. Le défaut d’intérêt tue la curiosité.

Je reprends mon triste narré.

Le 1er décembre, on m’apporte la Gazette de la Haye, et j’y lis l’article qui suit :

» Paris, ce 23 novemhre :

« Hier, cent vingt mandats d’arrêt étaient déjà décrétés. Aussi était-on bien occupé à poser le scellé surtout dans la maison de Beaumarchais, qui est membre et appartient à la clique des conspirateurs, et a écrit diverses lettres à Louis XVI. ■• elle donnait un compte rendu sur l’affaire des fusils, fait de main de maître… Gonin. ■. traduit par un nol

de Londres et légalisé par M. Chavxelin, ministre plénipotentiaire de Fr u l’a remis. En lisant je souriais, et je disais : C’est iou I] [ue 1 ga : itiers étrange] — déla soif qu’on a partout des événements de Pur/s. lorsque divers avis d’amis très-bienveillants m’arrivent, et me préviennent que.. apprendre le comité des horreurs <• mon sujet, je n’ai pas un instant à perdre pour les aller < : Londres, mes amis n’ayant pas osé me les envoyer à la Haye, etc.

Je cours chez M. de Maulde le prévenir que je pars à l’instant, mais que je reviendrai sous peu. J’étais invité à souper, j’attends dans son salon. Sur la remise d’un paquet, il venait de passer chez le grand pensionnaire. Je partis, et le lendemain je lui écrivis ce qui suit : Du paquebot qui me passe à

. [ex (1, — la rcpubfiq

Londres, c : 2 diîce.abi’

S MINISTRE PLÉNIPOTENTIAIRE,

« Une nouvelle fort étrange, que je trouvai hier dans la gazette hollandaise à mon sujet, m’avait déterminé à partir pour Amsterdam ; mais la con-Brmati Ii cette nouvelle, qui m’a été apportée de deux endroits différents, avec avis d’une de ces deux parts que si je voulais avoir les plus grands détails sur l’infamie qu’on veut me faire en France auprès de la Convention nationale, je les trouverais en Angleterre, m’a sur-le-champ déterminé à partir pour Londres, au lieu d’aller à Amsterdam. Je voulais avoir l’honneur de vous faire part de cette résolution, mais on m’a dit que vous étiez chez M. le grand pi nsionnain. On m’accuse d’avoir écrit plusieurs lettres à Louis XVI. C’est une scélératesse qu’on nu fait, pour parvenir à une friponnerie, ion’ai de : ma vie eu l’occasion d’écrire à ce prince, sinon la première année de son règne, il y a plus de dix-huit ans. Sitôt que j’aurai vu «  Lon i i i de quoi il est question au fond, je pars à l’instant pour Paris ; car il est temps que la Convention nationale soit instruite de tout ; ou je reviendrai à la Haye terminer avec vous l’interminable affaire des fusils de Tervère.

« Recevez, ministre citoyen, les assurances les plus sincères de la gratitude du vieux citoyen persécuté.

• Signé Beaumarchais. •

Arrivé par miracle à Londres, après avoir manqué périr comme le bâtiment qui nous suivit de près, et qui portait des émigrés français, la première phrase que j’y lus, en ouvrant mon paquet, fut celle-ci :

■’Si vous lisez ceci en Angleterre, rendez grâces à gi nous. car nu Dieu i ous ci p) éservé ! > Suivaient les détails bien exacts des manœuvres de nos ministres i ce sui quoi l’on m’invitait surtout au ciel était que si l’on m’eût arrêté ni //"/lande, où l’onavait dépêché un n extraordinaire pour m’amener pied:et poing liés, on comptait bien que je n’arriverais pas vivant à Paris ; car

j craignait le plus, c’était ma justification,

dont j’nmis trop, dit-on, menaa les ministres ! J’écrivis sur-le-champ au citoyen de Maulde la Iti suivante : je supplie qu’on la lise avec quelque attention, à cause de la réponse qui me fut faite, uon par lui, mai— par un de mes am —Haye.

A M. il— Maulde.

ci Citoyen ministre plénipotentiaire, « Les instructions que mes derniers avis ne disaient de venir chercher promptement à I parce qu’on n’avait pas cru bien sur de me les renvoyer à la Haye, étaient très importantes. I lli me détaillent fort au long— le plan de mes ennemis contre moi. On m’assure même qu’aussitôt qu’ils auront obtenu le fruit de leur trame odieuse, ils doivent vous envoyer Vordrt de m Hollande.

<■ Ce serait une chose piquante, si ci i étrangi di s affm allait vous expédier un courrier pour cela ! lui qui ne : envoyé un seul pendant tout le temps de votre ambassade ; lui qui a laissé relâcher, et n’a rien i l’empêcher, h s fui, , icateurs d’assign ils : si, pour servir de cupides intérêts, il allait se montrer, p la première fois, vigilant au point de vous charger, par un exprès, de la plus ridicule commission auprès des États-Généraux, en me donnant la préférence d’une inquisition —i atroi’■. quand la II" ! lande est pleine d’ennemis déclarés qu’en 3 laisse tranquilles, et à qui elle accorde une très paisible retraite ! Il serait tout aussi étrange que cette puissance, soumise aux fantaisies de toutes les autres,