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COMPTE RENDU.

dernier chez M. le maréchal de Richelieu, les avocats vos conseils ont paru douter de l’existence de cet arrêt ; et, dans le cas de son existence prouvée, ils ont été jusqu’à le qualifier, en « otre nom, d’arrêt subreptice ou surpris. . Si ces imputations viennent d’une autre cause u que de l’ignorance où vous êtes de l’arrêt et de (i la manière donl il a été rendu, la signification ii que je vous en fais faire va vous mettre à portée de poursuivre les prétendus auteurs de la surprise faite . ; i S.i Majesté, dans une affaire qui u vous intéresse, ou de désavouer ce propos imn prudemment avancé en votre nom.

c Un autre motif de la signification de cel arrêl » est que les intérêts de plusieurs auteurs et les n miens en particulier souffriraient tropd’uneplus longue inexécution de quelques-uns de ses articles. Comme il y a deux mois el demi qu’il est ii expédié el envoyé à MM. vos supérieurs et à ■ nous, je demande qu’il suit exécuté, sans pr.éii tendre vous ôter le droit de représentation ; cl avec le désir sincère de pouvoir adopter, | r mes confrères el pour moi, tout ce qui sera proposé pour le rapprochement et la conservation de uns droits respectifs.

ii J’ai l’honneur d’être avec considération, etc. I’ Caron de Beaumarchais. »

Eu conservant ainsi de mon mieux les droits des auteurs, el défendanl l’arrêt qu’on voulait attaquer, je ne renonçais pas à l’espoir de parvevir a nue conciliation raisonnable ; je faisais la guerre d’une main en proposant la paix de l’autre. Les comédiens furent se plaindre à M. le maréchal de Duras de la signification que je leur faisais l’aire, comme d’un attentat contre l’autorité souveraine : el moi, de mon côté, j’eus i honneur de l’en prévenir pour justifier la précaution que je venais de prendre.

C’est maintenanl que je dois expliquer comment cette foule de précautions que j’avais (irises lors de la discussion et rédaction de l’arrêt du 12 mai 1780, el donl j’ai prié le lecteur de ne pas perdre 1 ; imoire, sont devenues très-importantes ; elles le sont devenues à tel point, que, si j’eusse manqué il en prendre une seule, je demeurais entaché sous l’accusation bizarre d’avoir fabriqué, transcrit el l’ail signifier aux comédiens un faux .- rrêl du conseil el un Taux règlement : puisque, malgré toutes les preuves que j’ai prodiguées du concours de M. le maréchal de Duras à la formation de cel arrêt, delà foule de ses discussions contradictoires, de ^"s consentements, adhésions, signatures, paraphes sur toutes les pages, lettres au soutien, etc., il passe pieu- constant, au i nent où j’écris, que l’arrêl en parchemin que j’ai l’ail signifier aux comédiens n’est pas plus le véritable arrèl du conseil que le règlement j annexé n’est le vrai n glemcnl discute, arrête, signé el paraphe par M. le maréchal de Duras, mais un arrêt et règlement de ma façon, dont jamais M. le maréchal n’a eu connaissance.

On est tenté de me croire en démence, au récit d une pan ille fi lu m :i on cessera de rire quand on saura qu’entre autres preuves de ce l’ait, le S août dernier, M. le maréchal de liiehelini, donl la bonté pour moi ne s’est jamais démentie, mais auquel M c Gerbier venait à l’instant d’assurer la vérité de ces ai cusations, me demanda forl sérieusement si j’attesterais bien par écrit queji n’avais rien changi aux minutes des arrêt et règlement signés par son collègue le maréchal de Duras, en les faisant signifii r aux comt dit ns ! Je ne sais s’il prit mon étonnemenl pour de la confusion ; mais, sur ma réponse que je trouvais un peu dur qu’il parût en douter, il me dit que je lui ferais le plus grand plaisir de signer la di i a ration, qu’il allait écrire lui-même en mon nom. Il se mit à son bureau, où il écrivit l’énoncé qui suit :

u L’arrêt donl M. de Beaumarchais demande d l’exécution est l’expédiLion fidèle de la minute signée el paraphée par M. le maréchal de Duras, après discussion contradictoire, sans qu’on ail ii ajouté un seul mot ; cette minute est entre les - mains de M. Amelot, el M. le maréchal de Duras » a écrit a M. Amelot pour lui demander une lettre ii au nom du roi, que M. Amelot a envoyée, el que u M. le maréchal de Duras a dans les main-, par ii laquelle le roi fait défense à toute personne de u s’opposer à l’exécution de cel arrêt, et même ii d’y faire aucune observation ; et M. de Beau- .1 marchais consent à essuyer le déshonneur puii blic, s’il y a un mol dan- cel exposé donl il ne n fournisse la preuve, el s’il a fait signifier autre chose que ce même arrèl en parchemin, daté du u 12 mai 1780, tel qu’il l’a reçu de M. Amelot, ni n l’ait aucune autre signification nu opposition, i M. le maréchal voulut bien m’en faire la lecture, el me dit, avec un regard île l n : u Le plus diffiii cile n’était pas de l’écrire ; mais c’esl de vous le .. voir signer que je suis bien curieux. » Je pris la plume, et j’écrivis au bas de la déclaration :

Je soussigné certifit tout l’exposé ci-dessus conforme à la plus exacte i < rite, et je me dé om à l’exécration publique, si j< n’< n prouve pas tout h CÛ itt un. Ci’ s aoûl 1780.

Caron de Beaumarchais.

J’ajoutai de suite au-dessous :

ii .lai de plus entre les mains l’original du règlement donl l’expédition est aussi remise à M. Ame- " lot, el qui est annexée audit arrêl du 12 mai 1780, lequel, discuté cl rédige en présence el avec « M. le maréchal de Duras, devan’ quatorze au-