Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/728

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recettes, n’est que du vingt-septième sur la totalité : ce qu’il fallait vous démontrer.

Tout ceci bien prouvé, quelle que soit la recette, forte ou faible, immense ou exiguë, la proportion sera toujours la même, du sort des Comédiens au vôtre. Ainsi (pour donner un exemple qui ne sorte point du sujet) pendant l’année dernière la Comédie française prétend n’avoir touché que huit mille francs de part entière, au total de cent quatre-vingt-quatorze mille livres, divisées en vingt-trois parties : les vingt-trois auteurs de l’année, s’ils n’avaient pas retiré leurs pièces, n’auraient partagé entre eux tous, dans la proportion du vingt-septième établi, que sept mille cent quatre-vingt-cinq livres. Donc trois cent douze livres eussent été le sort de chaque homme de lettres.

Les auteurs se contenter d’un, lorsque les acteurs ont vingt-sept, ce n’est point là ruiner la Comédie

! ançaise. En quelque ville de l’empire que vous 

employiez un théâtre à ce taux, vous pourrez vous vanter, messieurs, d’un parfait désintéressement, Pa c iurons d’autres hypothèses. Je suppose que • comédiens, trouvant leur répertoire usé, pen-- ni qu’il est de leur intérêt d’exploiter plus de nouveautés, et qu’au lieu d’un tiers de l’année ils doivent leur en consacrer deux : il est bien clair alors tous les rapports restant les mêmes, quand celui-là seul est changé, que le sort des auteurs se trouverait doublé, et qu’au lieu de dix-huit mille livres ils auraient à se partager trente-six mille livres chaque année ; qu’alors la proportion de sort entre les comédiens et eux ne serait plus comme vingt-sept à un, mais seulement comme dix-huit.

Mais aussi, comme cette idée ne peut venir aux i li n- que lorsqu’ils sentiront enfin que les sw septièmes d’une grande recette valent mieux que les sept septièmes d’une petite : si le sort des auteurs était doublé en masse, celui descomédiens reviendrait tout ce qu’il l’ut dans ces formidables ani s où, au lieu de cinq cent mille livres, ils eurent jusqu’à un million de produit brut à répartir. La proportion serait toujours la même entre le sort des comédiens et des auteurs ; seulement le produit aurait été doublé pour tous. Que si, sans augmenter la recette commune présumé !

n deux mille cent livres, les comédiens sentaient 

qu’ils ne peuvent arriver même à ce taux moyen .pieu forçant sur les nouveautés (les ouvrages anciens leur rendant à peine les frais), alors il faudrait revenir à ce très-bon raisonnement qu’ils repoussent de toutes leurs tètes, que, les nouveautés seules faisant la prospérité des ■■eei.ieles, j| est peut-être encore moins malhonnête que maladroit de vouloir amoindrir le sort leste des auteurs, au risque de périr faute de bonnes nouveautés ; lorsque, dan- les grandes and i la portion de chaque comédien a monte à vingt-sept mille francs, celle des vingt-trois auteurs ensemble n’a jamais été jusqu’à trente-huit mille livres.

Je crois savoir, ainsi que vous, quel peut être l’espoir des comédiens français, lequel n’est pas toujours déçu : c’est que quelques jeunes auteurs, en faisant leurs premiers e.-sais, pressés de gloire ou de besoin, leur céderont souvent des pièces au prix qu’ils voudront en offrir. Mais ,-,.. jeunes L’en-, détrompés, ne tarderont pas à sentir le tort qui leur aura été fait, lorsque les troupes du royaume, en leur demandant leurs ouvrages qu’on aura joués cà ce théâtre, leur diront assez justement : Les comédiens français vous donnaient le dixième, ou le seizième, ou le vingtième, qui vous rapportaient peu de chose ; nous, dont les recettes sont moindres, nous ne vous offrirons pas plus. Où vous aviez vingt francs chez eux, il vous revient vingt sous chez nous. Alors -eut. mt la conséquence du mauvais parti qu’ils ont pris, et qu’une démarche légère les met à la merci de tous les directeurs, il- qui n "i-onl les comédiens français.

Abordons maintenant la question des frais journaliers. Ils n’ont rien de semblable entre eux que la nature des articles, qui ne doit varier nulle part. La valeur de chacun d’eux varie selon l’importance des théâtres, suivant le plus ou moins d’objets qu’un spectacle veut embrasser.

Les seuls articles invariables que vous allouez aux spectacles, sous le nom de frais journaliers, dans l’imprimé qu’ils ont reçu de vous, sont :

Le loyer de la salle ;

La garde, autant qu’elle est payée ;

Le luminaire ;

Le chauffage ;

L’abonnement des hôpitaux, tant que l’abonnement subsiste ;

Les employés au service du spectacle ;

Les affiches, les imprimés ;

Le service pour les incendies.

Vous n’en avez point passé d’autres.

Ces objets arrêtés, vous avez vérifié, en traitant avec les spectacles, à quelle somme chacun montait, et vous les avez tous alloués avec la plus grande équité sur les registres et les renseignements que chaque théâtre a fournis.

Puis ils vous ont priés, pour simplifier les comptes, d’en faire une somme commune, qu’on allouerait à l’amiable, en ajoutant, pour frais extraordinaires entre un cinquième et deux cinquièmes de la somme allouée, dont le total serait la retenue journalière au delà de laquelle le partage commencerait sur le pied du septième, ainsi que vous l’avez réglé.

Le résultat de vos calculs vous a fait allouer, messieurs, sept cents livres de frais, tout compris, à la Comédie italienne, même somme de sept cents livres au Théâtre-Français de la rue de Richelieu, six cents livres par jour au théâtre dit du Marais ; ainsi en proportion aux autres.