Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/827

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parler z’à Léandre, cet homme ne me convient z’en aucune façon, et j’ai mes raisons pour ne point z’aimer ces lorgneux de filles.

ISABELLE. Mais qu’eu mal y a donc à cela ? z’un évêque regarde bien z’un chien, mon ch’père.

CASSANDRE. Oh ! il regarde ce qu’il regarde, et moi je défends ce que je défends, et je veux t’être z’obéi, je vous le répète, mam’zelle ; je n’aime point les goguelureaux qui, du matin z’au soir guettant z’une fille, comme le chat fait la souris, ne font sans cesse que tourner autour du pot avec elle.

ISABELLE. Oh ! ni moi non plus t’assurément ; mais Dieu merci, Liandre n’agit pas de même t’envers moi, et si vous connaissiez comme moi, mon ch’père, la droiture de ses intentions…

CASSANDRE. Oh ! morbleu, il n’y a pas de droiture qui y tienne, et je vous ordonne absolument de l’éviter.

ISABELLE. Moi, mon ch’père, oh ! je n’aurai jamais ce cœur-là.

CASSANDRE. Nous le verrons Gilles ?

GILLES. Monsieur.

CASSANDRE. Songe que tu me répondras de sa conduite.

GILLES. La commission z’est chatouilleuse ; mais cette clef vous en répondra mieux que moi. (Cassandre sort.)

SCÈNE IX ISABELLE, GILLES. i.iiii.-. Allons, mam’zelle, rentrez. ISABELLE. Oui, traître, je rentre, (àpart) mais si mon cher z’amanl me tient ce qu’il m’a promis, ce ne sera pas pour longtemps, cl z’on appelle cela reculer pour mieux sauter. SCÈNE X GILLES, seul. On n’a ma foi pas tort d’avoir raison de dire que la fortune z’est bien capricieuse, aussi est-ce unefumelle, et, comme dit l’autre, de même que le froid z’arrive toujours t’au plus mal vêtu, l’eau va toujours à la rivière. En effet, demandez-moi z’un peu si le vieux fou de Cassandre, bon équarrisseur de Montfaucon et déjà riche, avait besoin d’avoir z’aiïaire delà succession dupèreGobillard, _> :  ; tandis que moi, pauvre Gilles, verrais tous les Gadouards t’el lesécorcheux de Taris tortiller de l’œil, sans hériter seulement de la peau d’un chien mort. SCÈNE XI LÉxiNDRE, ARLEQUIN déguisés, GILLES. arlequin", portant itnr paire de bottes sur ses épaules. Voici notre homme. léandre. Non, non, cher z’Arlequin, l’il esl impossible que Gilles nous reconnaisse t’au travers du déguisement d’une telle métamorphose. ARLEQUIN. Oh ! parbleu, je lui en défie, à peine puis-je me reconnaître moi-même. GILLES. A qui en veulent ces originaux ? ARLEQUIN. Si vous me secondez rumine il faut, je vous proteste qu’avant qu’il soit peu, je vous rendrai maître de la clef et de la serrure. (, ili.es. Cela fait deux minois qui ne me conviennent pas du tout. ARLEQUIN. Il nous écoule, z’entrons t’en matière sans faire semblanl de le voir. (Haut à Léandre.) Oui, seigneur, vous avez bien l’ait, très-bien fait, Tort bien fait z’encore de refuser les cent mille écus que le Grand Mogol vous offrit hier au soir de celle paire de belles. CILLES. Refuser cent mille écus d’une paire de bottes ! ARLEQUIN, baisant Us loties. Ah ! chères bottes de mon âme, si j’étais possesseur d’un semblable trésor, je ne le troquerais pas contre tout l’empire de la Mésopotamie. LÉANDRE. Si j’ai t’en raison de lui faire ce refus, j’ai z’agi encore avec la sagesse d’une plus grande prudence z’en profilant delà vertu z’attachée z’à ces divines bottes, pour m’éloigner promptement fies Liais fie ce vilain /.’empereur qui ne parlait pas moins, comme tu sais, de me faire z’empaler sur-le-champ comme un poulet d’Inde. ARLEQUIN. Vraiment oui, il n’en allait que de là, et je n’en aurais pas été quille z’à meilleur marché. Voyez-vous, il faut que ces méchantes gens-là n’aiment guère le christianisme ! encore passe si, en vous privant de vos bottes, l’on vous eût dédommagé d’une telle perte par quelque place, de pacha à trois queues par exemple ou d’eunuque blanc, cela z’est, dit-on, fort z’honnête et très lucratif ; mais qu’avez-vous, seigneur. vous me paraissez dans l’embarras de quelques inquiétudes.