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TARARE, PROLOGUE, SCÈNE III.

degrés ; les images se dissipent ; tout devient harmonieux et calme. On voit une campagne superbe, et le Génie du Feu descend dans un nuage brillant, du côté de l’orient.)

SCÈNE II le GÉNIE DU FEU, la NATURE.

LE GÉNIE DU FEU. De l’orbe éclatant du Soleil, Admirant des cieux la structure, Je vous ai vu, belle Nature, Disposer sur la terre un superbe appareil.

LA NATURE. Génie ardent de la sphère enflammée, Par qui la mienne est animée, À mes travaux donnez quelques moments. De toutes les races passées, Dans l’immensité dispersées, Je rassemble les éléments, Pour en former une race prochaine De la nombreuse espèce humaine, Aux dépens des êtres vivants.

LE GÉNIE DU I EU.

Ce pouvoir absolu qui pèse et les enchaîne, L’exercez-vous aussi sur les individus ? LA NATURE. Oui, si je descendais a quelques soins perdus. Mais voyez comme la Nature ■ par milliers, sans choix et sans mesure ! (Elle fait une espace de conjuration.) Humains non encore existants, Atomes perdus dans l’espace, Que chacun de vos éléments Se rapproche et prenne sa place, Suivant l’ordre, la pesanteur, Et toutes les lois immuables Que l’Éternel dispensateur Impose aux êtres vos semblables. Humains non encore existants, À mes yeux parai -->/, vivants ! (Une foule d’Ombres des deux sexes s’ élèvent de toutes parts, vêtues uniformément en blanc, au liruit d’une symphonie très-dinar, et forment des danses It ntes et froides,en marquant la plus rire émotion de ce qu’elles sentent, voient et entendent ; puis un chœur ù demi-voix suit du milieu d’elles.) SCÈNE III le GÉNIE DU li :i , la NATURE, foule D’OMBRES des I CHOEUR D’OMBRES. [D’autres Ombres dansent sur l’air du chœur.) Quel charme inconnu nous attire ? Nos cœurs en sont épanouis. D’un plaisir vague je soupire ; i exprimer, je ne puis. i aui, je .-eus que je désire, En désirant, je sens que je jouis. Quel charme inconnu nous attire ? Nos cœurs en sont épanouis. LE GÉNIE DU FEU, à la Nature. Déesse, pardonnez : je brûle de m’instruire De l’intérêt qui les occupe tous. LA NATURE, Parlez-leur. le génie du feu, s’ adressant aux Ombres. Qu’êtes-vous ? et que demandez-vous ? l’ombre d’altamort. Nous ne demandons pas, nous sommes. LE GÉNIE DU FEU. Qui vous a mis au rang des hommes ? l’ombre d’urson. Qui l’a voulu : que nous importe à nous ! LE GÉNIE DU FEU. Comme ils sont froids, sans passion nue leur ignorance est profonde ! -nuls ! LA N ITURE. Ah ! je les ai formés sans vous. Brillant Soleil, en vain la Nature est féconde ; Sans un rayon de votre feu sacré, Mon œuvre est morte, et son but égaré. LE GÉNIE DU FEU. Gloire à l’éternelle Sagesse, Qui. créant l’immortel a ir. Voulut que, par sa seule i r L’être sensible obtint le joui 1 ! Ah ! si nia flamme ardente et pure

in ! pas ei ibrasé votre sein, 

Stérile amant de la Nature, J’eusse été formé sans dessein. [En duo.) Sagesse, etc. mt !, s ilenj Ombres d’Atar et de Tarare. Que -oui ces deux superbes i Imbres Qui semblent menacer, taciturnes el sombres ? LA NATURE. Rien : mais diles un mot ; assignant leur état, Je lais un roi de l’une, et de l’autre un soldat. LE GÉNIE DU FEU. Permettez ; ce grand choix les touchera peut-être. LA NAI’I RE. J’en cloute. LE GÉNIE Dl Ml, u-ii deUX Onihr.s. i m de vous deux est nu : lequel veut l’être ? l’ombre d’atar. Km .’ L’OMBRE me TARARE. Roi ? TOI’ s DEUX. Je ne m’j sens aucun empressement. LA NATURE. Murants, il vous manque de naître, Pour penser bien différemment. le génie du i EU les examine. Mou œil, entre eux, cherche un roi préférable ; Gloire à l’éternelli LE GÉNIE DU FEU, mont)