Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/320

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<poem>Sans y trouver l’objet d’une audace inutile, Mon Astasie !… Ô ce fourbe Altamort ! Il l’a ravie à mon séjour champêtre, Sans la présenter à son maître ! Trahissant tout, honneur, devoir… Il a payé sa double perfidie ; Mais ton Irza n’est point mon Astasie.

ATAR, avec fureur. Elle n’est pas en mon pouvoir ? (Aux eunuques.) Que l’on m’amène Irza. Si ta bouche en impose, Je la poignarde devant toi.

TARARE. La voir mourir est peu de chose ; Tu te puniras, non pas moi.

ATAR. De sa mort la tienne suivie…

TARARE, fièrement. Je ne puis mourir qu’une fois. Quand je m’engageai sous tes lois, Atar, je te donnai ma vie, Elle est tout entière à mon roi ; Au lieu de la perdre pour toi, C’est par toi qu’elle m’est ravie. J’ai rempli mon sort, suis ton choix ; Je ne puis mourir qu’une fois. Mais souhaite qu’un jour ton peuple te pardonne.

ATAR. Une menace ? TARARE. Il s’en étonne ! Roi féroce ! as-tu donc compté Parmi les droits de ta couronne Celui du crime et de l’impunité ? Ta fureur ne peut se contraindre, Et tu veux n’être pas haï ! Tremble d’ordonner…

ATAR. Qu’ai-je à craindre ?

TARARE. De te voir toujours obéi, Jusqu’à l’instant où l’effrayante somme De tes forfaits déchaînant leur courroux… Tu pouvais tout contre un seul homme ; Tu ne pourras rien contre tous.

ATAR. Qu’on l’entoure ! (Les esclaves l’entourent.) (Tarare va s’asseoir sur le billot, au pied du bûcher, la tête appuyée sur ses mains, et ne regarde plus rien.)

SCÈNE IV ASTASIE, voilée ; ATAR, ARTHENÉE, TARARE. SPINETTE, esclaves des deux sexes, soldats.

atar, à Astatie. Ainsi donc, abusant de vos charmes, Fausse Irza, par de feintes larmes, Vous triomphiez de me tromper’.’ Je prétends, avant de frapper, Savoir commenl ma puissance jouée… SPINETTE. Une esclave fidèle, hélas ! substituée, Innocemment causa le désordre et l’erreur. TARARE, h part, tenant sa tête dans ses mains. Ah ! cette voix me fait horreur ! ATAR. Il est d : vrai, i t échange funeste ? J’adorais sous’e nom d’Irza… i l tnsie.) Va, malheureuse, je di L’indigne amour qui pour toi m’embr sa. A la rigueur des lois avec lui sois livrée’. [Au arand-pi i Pontife, décidez leur sort. ARTHENÉE. Ils sont jugés : lovez l’étendard de la Mort. De leurs jouis criminels la trame est déchirée. (le grand-prêtre déchire la bannière de la lu-. Le prêtre en deuil élève la bannière de la Mort. On entend nn bruit funèbre d’instruments déguises.) CHŒUR FUNÈRRE DES E CLAVES. [Astasie se jette à genoux, ei prie pi niant le chœur. On apporte au grand-prêtre le livrt dei arrêts, couvert d’un crêpe. Il signe l’arrêt de mort. Deux enfants tn deuil lui remettent chacun unjlambeau. Quatre prêtres en deuil lui présentent deux grands rases pleins d’eau lustrale. Il éteint dans Ci s i ases’< % deu i flambeaux en les renversant. Pendant ce temps, les prêtres de la Vie se retirent en silence. Le drapeau de la Vie, déchiré, traîne à terre. On entend trois coups d’une t loche funéraire.) CHŒUR FUNÈBRE. --e (es décrets infinis, Grand Dieu, si ta bout s’aci rde, >n iv, i ces coupables punis Le sein de ta miséricorde ! ARTHENÉE prie. Brama ! de ce bûcher, par la mort réunis, [nis ! Ils montent vers le ciel : qu’ils u en soientpoint ban-I. E CHŒUR FUNÈBRE repond : Avec trs décrets infinis, etc. [Astasie se rt lève et s’avance au bûcher, où Tarare est abîmé de douleur.) ASTASIE, à Tarare. Ne m’impute pas, étranger, Ta mort qim je vais partager. TAR IRE se relevé tu ce feu. Qu’entends-je ? Astasie ! VSTASIE. Ah ! Tarare 1 {Ils se jettent dans les liras l’un de l’autre.) ARTHENEE, au 101. Je te l’avais prédit. i vu. furieux. Qu’on les sépare. Qu’un seul coup les fasse périr. (les soldats s’avancent.)