Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/442

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assez généreux pour me tendre la main dans un cas aussi pressant, je demande à ceux du parlement s’il ne m’est pas permis de m’adresser à eux, de prendre ensuite à partie mon avocat aux conseils, et le rendre garant de tout le mal qui peut résulter pour moi de ce déni de secours, d’autant plus étonnant qu’il n’est point fondé sur la nature de ma défense que j’ai constamment offert de soumettre à la censure de tout avocat instruit du fond de l’affaire. Je la soumets ici à l’examen du conseil que je consulte, en preuve de l’équité de ma demande.

LE CONSEIL SOUSSIGNÉ, qui a pris lecture du mémoire à consulter ci-dessus, du mémoire et des deux précis de Me Mariette, avocat du comte de la Blache, ainsi que de la réponse que Me Huart du Parc avocat du sieur de Beaumarchais, a faite à ce mémoire ; estime que la réponse de Me du Parc est insuffisante à la justification du sieur de Beaumarchais, et qu’il est bien extraordinaire que ledit Me du Parc réserve expressément dans son mémoire, au sieur de Beaumarchais. , / la dernière syllabe de l’acte, et lui même t. m]’les seuls moyens de le m. in iment aussi précieux pour son client ; à moins que la justification du sieur de Beaumarchais, présentée audit M’du Parc, ne fût contraire aux lois, aux bonnes mœurs, au gouvi i nemi ni ou à la religion. Jlais que, si cette justification est conforme à celle que le sieur de Beaumarchais soumet à notre examen, dont nous avons pris lecture, et qui est conçue en ces termes :

RÉPONSE

MÉMOIRE SIGNIFIÉ

DU COMTE ALEXANDRE-JOSEPH FALCOZ DE LA BLACHE

M. Duverney avait la réputation de se connaître en hommes. Il a honoré ma jeunesse de la plus intime confiance. C’est une présomption en faveur de mon honnêteté.

M. Duverney se connaissait en arrêtés décompte. Il a trouvé juste de clore et signer celui du premier avril 1770. C’est un grand préjugé pour l’exactitude de cet arrêté.

Il est vrai que le comte de la Blache a traité de chimère l’intimité de mes liaisons avec M. Duverney ; mais la négation d’un légataire obstiné ne détruit point des faits aussi publics.

Il est vrai qu’il a feint, pour ne pas payer, de regarder notre arrêté comme absurde, inepte et même faux ; mais l’allégation d’un légataire intéressé n’anéantit point des actes si sacrés.

Il est encore vrai que, dans l’exorde de son mémoire, le comte de la Blache nous apprend que le legs immense dont M. Duverney l’a gratifié a été pour lui la source d’une foule de petites difficultés qu’il appelle des persécutions. Mais est-ce ma faute à moi, si les héritiers, ouvriers, créanciers, hlégataires, domestiques, etc., de cette succession, n’ont pas abandonné : au comte de la Blache, qui voulait tout garder, le peu qui leur appartenait sur cet immense héritage ?

Il se plaint aussi que ce malheureux legs de quinze cent mille francs est devenu le sujet de mes écrits, qu’il appelle des diffamations. Mais est-ce donc un crime à moi d’avoir exposé comment le comte de la Blache, voulant me donner pour faussaire à Paris, me supposait faussaire à Versailles ; et comment, incapable de rien prouver contre un arrêté signé de son bienfaiteur, il est devenu capable de tout oser pour l’anéantir ?

Mais si le comte Falcoz de la Blache, encore tressaillant du plaisir de posséder un legs de quinze cent mille francs, a nommé persécution la modeste demande de quinze mille francs, et diffamations les défenses légitimes de celui qu’il veut déshonorer afin de retenir ce peu d’argent, quel nom dois-je donner à tout ce qu’il a tenté depuis quatre ans pour me perdre ? Haine invétérée, mémoires outrageants, plaidoyers atroces, suppositions infamantes, lettres injurieuses, intrigues secrètes, saisie éternelle de mes biens, frais inutiles amoncelés, désordre universel dans mes affaires, arrêts, exécutions, ventes, huissiers, gardiens, recors, doubles recors, fusiliers !… dieux ! dieux !

Et mes amis me recommandent d’être modéré dans ma réponse, de discuter mes intérêts sans humeur, et surtout sans gaieté !… De la gaieté, mes amis ! ah ! ne m’ôtez pas l’amertume ; il ne me resterait que le dégoût !

Si j’ai montré de la gaieté quand je me défendais contre les sieur et dame Goëzman, c’est que le ridicule de ce procès était excessif, au point d’en masquer souvent l’atrocité ; mais aujourd’hui qu’un adversaire ardent, avide, haineux, s’efforce de verser sur moi la honte et l’opprobre, est-ce donc en plaisantant que je les repousserais sur lui ?

Je ne vois, dans tout son mémoire, qu’une injure mortelle et mortellement délayée dans soixante-douze pages d’impression, toujours redite, et partout blessant mon cœur à l’endroit le plus sensible. Et vous m’interdisez la gaieté, qu’il fallait peut-être me recommander !

Un jour, il s’agira de réparation pour tant d’outrages reçus : alors il sera temps de décider si l’iniquité du fond d’un procès peut excuser ce que sa forme emporte d’outrageant.

Aujourd’hui je mets toute répugnance à part : je cède à l’humiliation de me défendre ; et détournant les yeux de dessus moi, je n’embrasserai que la question, sans penser à la personne. Un avenir plus heureux me répond des dédommagements convenables. À quelles affaires, grands dieux ! j’étais destiné !

Depuis quelque temps il se répand de celle-ci