Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/575

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notariés qui attestent ma bienfaisance et le pardon que je leur accordai.

Une de mes belles-sœurs, pour calmer ma colère contre son frère, m'écrivit en 1787 : « Je vous connais l’âme trop bonne pour me persuader que vous vouliez réduire à la misère un être qui « DES TOLiTS VIS-A-VIS DE VOUS, JE TOUS l’àVOUE, afin qui, comme moi, vous est attaché par les liens du sang... Que deviendra-t-il donc, monsieur, si vous n’avez pas la bonté de lui laisser toucher son revenu, qui consiste en dixt < huit cents livres de rente viagère ?... Y"s procèdes vis-à-vis de ma sœur et moi, monsieur, votre honnêteté, me font espérer que vous vous laisserez toucher < l ii faveur de mon livre, etc. Je sais qu’il n’est ni dans votre cœur ni dans votre âme de mettre un père de famille au désespoir. Vous ne le voudriez pas. Si le souvenir de ses torts a pu vous inspirer un moment la vengeance, je suis sûre qu’une voix intérieure vous dit : Sa sœur était .ma FEMME ; je dois 1 li î pardonner. Ce sentiment est celui que vous inspire votre sensibilité, que je connais, de laquelle j’ose tout attendre, et que j’implore, en vous priant d’être bien persuadé des sentiments, etc. « Très-obéissante, etc.

(i Signé Aubertix. »

Qu’arrive-t-il ’ ? Touché de sa prière, je donnai mainlevée de l’opposition que j’avais mise sur les rentes de son frère ; et je l’en ai laissé jouir depuis tranquillement jusqu’à sa mort, sans lui rien demander. Voilà celui qu’ils disent que j’ai fait mourir de douleur !

Le fils d’une des sœurs de ma femme m’écrit, me fait solliciter par tous ses amis et les miens d’avoir des ménagements pour lui, n’ayant, dit-il, jamais trempé dans aucun tort de ses parents envers moi. Qu’arrive-t-il ? Je lui remets généreusement le quart de ma créance sur lui ; et l'acte notarié de cette bienfaisance, que j’ai remis à M., l’avocat général, porte l’expression de sa reconnaissance. Une autre sœur de feu ma femme m’écrit la lettre suivante en novembre 17* l,c’est-à-dire quatre an-

!i’ es après l’obtention de mes trois arrêts, dont je 

n’avais fait aucun usage hostile contre eux tous. Cette lettre mérite d’être opposée tout entière aux impressions affreuses qu’ils ont voulu répandre sur le décès de ma première femme, à l’impression qu’elle aurait dû laisser à sa famille entière. Malheureux imposteur, lisez donc cette lettre. Lettre </< la à mm ..il’ Aubertin n M. de Beaumarchais.

- Ge l’-i novembre 176 :..

■ Depuis que nous avons eu l’honneur de vous écrire, monsieur, nous vous étions Battes que vous voudriez bien donner un juin’ à M. Angot pour lui dire vos intentions, ri terminer un.’ al - faire que nous regarderons toujours connu, (reste malheureuse .’I par ses suites et par la division qu’elle a causée entre vous et nous ; division d’autant plus sensible pour nous, monsieur, que nous .’ii sommes les victimes, sans que not ?-e cœur , y ait jamais eu dt part : enfin c’est une chose ci faite’ ; le point essentiel à présent, c’est de régler entre vous et nous d’une manière qui ne nous oblige plus les uns ni les autres à rappeler des temps malheureux : cela dépend de vous, monsieur ; et nous vous prions avec instance de vouloir bien nous marquer ce que vous exigez de nous, pour que nous sachions à quoi nous en tenir. .Nous savons bien que votre arrêt vous donne des droits ; mais vous connaissez notre position et la médiocrité de notre fortune. Enfin, monsieur, consultez votre cœur : il est bon, sensible, généreux : nous le connaissons tel, et c’est de lui que nous attendons un traitement favorable : î. vous avez tant de droits à la reconnaissant ! La nôtre ne sera ni moins vive ni moins étendra ;notre ..m le plus Cher sera de l’exprimer, et de saisir toutes les occasions de vous en d ir des preuves. Daignez donc, monsieur, avoir égard ti aux /"us qui nous ont unis ; croyez qu’ils ont gravé dans nos r.rur* un sentiment que le temps î. m les circonstances n’ont point effacé. Puissent-ils vous inspirer en notre faveur ! Nous osons l’espérer, et que nous éprouverons les effets de la i.. m 1 , de votre âme. Nous attendons votre réponse avec impatience, et vous prions instamment, monsieur, de vouloir bien nous instruire de vos volontés ; nous sommes persuadés qu’c/iVs sr/..»,’ ii dictêespai votre générosité, el vous prions d’être bien convaincu des sentiments avec lesquels nous ne cesserons d’être, etc.,

î. Monsieur,

î. Votre très-humble et très-obéissante servante,

- Signé Aubertin. >■

Qu’arriva-t-il ’ ? .Moi, qui n’ai jamais résisté aux supplications ni aux larmes j'ai ion- ni’ i avi icette demoisi lie, dont la sœur venait de mourir, l’ai te .i.’ bienfaisance que je leur avais promis à toutes deux, par lequel je consens qu’elle jouisse, sa vie entière, >l> i toutes les sommes qu’elle me doit ; et la vive expression de sa reconnaissance est consignée dans ce traité, remis avec les lettres à M. l’avocat général. Et c’est ainsi que je me suis vengé d’une persécution de dix années, pendant lesquelles mes biens, mes revenus, mes meubles, avaient été saisis dix fois. C’est ainsi que je me suis vengé de presque tous mes débiteurs. A ij.’iaui de moyens, ces horreurs clandestines se sont répétées sourdement dans tous les procès qu’on m’a faits, et que j’ai tous gagnés avec éclat, n’en ayant jamais fait moi-même à aucun de mes débiteurs.

Dans les deux procès intentés, l’un par l’héritier