Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/586

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« Votre Grandeur s’apercevra bien que ce n’est pas pour éluder d’obéir que nous observons ; mais seulement parce que nous pensons que d’établir une inquisition sur les secrets des négociants, par complaisance pour les rivaux du commerce français et les ennemis naturels de l’État, est un emploi de l’autorité sujet à des conséquences terribles, dont la moins funeste est de dégoûter le commerce et d’éteindre l’émulation, sans laquelle rien ne se fait.

■■ Lorsque notre commissionnaire s’est rendu, sans son nom, adjudicataire de l’Hippopotame, vous avez eu la bonté, monseigneur, de lui promettre l’assurance du premier fret royal pour les colonies. Daignez remplir cette promesse : son exécution est le meilleur moyen de vous assurer de la vraie destination de notre vaisseau. Nous croyons, monseigneur, que ce seul mot renferme toutes les explications que Votre Grandeur désire.

.. Nous sommes, avec le plus profond respect, etc. »

Ce mémoire, fait pour fixer la vraie destination du Fier Rodrigue désarmer la cour, produisit un effet tout contraire en me décelant. : rul m 3 reconnaître ; et, les cris de l’ambassadeur continuant sans relâche el contre mon navire et contre ma personne, le ministère, à l’instant qu’il levait l’embargo momentané mis sur tous les autres vaisseaux du commerce, ordonna durement d’arrêter le mien dans le port, sans lui laisser I espoir de partir en aucun temps !

Ayant eu dessein de l’armer en pièces de bronze, pour qu’il lut plus léger à la marche, en guerre et marchandises, j’avais t’ait acheter et transportera grands frais de ces canons la quantité qui m’était néi es aire. I n nouvel ordre, arraché par mon Euménide, arriva, qui me força de revendre mon artillerie à toute perte, et n’en laissa pas moins subsister I embargo mis sur mon na ire. En vain j’offris personnellement au ministère d’embarquer sur ce vaisseau îles troupes du roi pour Saint-Domingue, afin qu’un lui bien sûr de’ sa destination ; en vain je proposai de soumettre macai lison à la visite la plus rigoureuse, pour qu’on fût certain qu’aucunes munitions n’entraient dans le chargement du Fier Rodrigue ; eu vainje déposai ma soumission de l’aire rentrer ce vaisseau dans six mois, avec expédition el denrées de Saint-Domingue, sous peine de la perte entière el du na ire el de sa cat gai son, si j 3 manquais ; le ministère fut inexorable ; et, malgré les plaintes qu’une telle rigueur m’arracha : malgré la dépense énorme d’un double achat, double transport et rendre dispendieux chargement (l’artillerie ; malgré la quand les protestations que le désespoir me fit faire de rendre l’administration parante de mes pertes devant le roi même, et pour lesquelles aujourd’hui je suis en instance aux pieds de Sa Majesté, les ministres, fidèles à je ne sais quelle parole arrachée par l’ambassadeur anglais, ne voulurent jamais consentir à lever l’embargo de mon navire : ri p’déclare avec douleur que> j « n’ai obtenu cette tardive justice qu’après la notification du traité decomrmerce entre la France et l’Amérique, faite .1 Londres par le marquis de Noailles, et la brusque n 1 de l’ambassadeur d’Angleterre, c’est-à-dire plu— d un an après l" 1 bargement et l’équipement du Fier Rodrigue.

Voilà ce que le vicomte de Stormont s’est bien gardé d’écrire à sa cour, et ce (qu’il n’oserait démentir aujourd’hui. Je laisse en blanc mille autres faits très-affligeants pour notre commerce, el notamment pour moi. parce que cet extrait suffi ! au delà pour montrer quelle loi doit (Ire accordée aux narres, aux inculpations de ce long Mémowt justificatif.

Lorsque le vicomte, 1" Stormont résidait à Paris, el. 1 1 1 il — débitait un mensonge politique, une fausse nouvelle un peu fâcheuse pour les américains, on se souvient encore que le mot des députés du congrès, interrogés par loul le momie, etaii constamment ; Ne eroyez pas cela, monsieur: c’est du Stormont tout pui

Eli bien ! lecteur, on en peul dire autant du mémoire justificatif; c’est du Stormont font pur : au style près, qui, bien qu’un peu traînant dan— la traduction, ne manquerait pas de grâces, ni la logique de justesse, si l’écrivain n’oubliait pas sans cesse que le lord Stormont en a fourni lesdonnées, et qu’il écrit pour l’injuste Angleterre, dont les usurpai mus, la mauvaise foi, l’arrogance et le despotist ni lui no" classe absolumenl séparée de toutes 1 « — — » ciile— humaines.

Car. si I"— royaumes sont de grands corps isolés, ri plu— —"pares de leurs voisins par la diversité d intérêts que par les barrières, les citadelles ou la mer qui les renferment ; si leurs seules relations sont celles du droit naturel’, c’est-à-dire celles que la conservation, le bien-être et la prospérité de chacun lui imposent ; el si ces relations, diversement modifiées sous le m. in de dvoit des’iras, ont pour principe général, selon Montesquieu même, de faire son propre bien avee h moins </. mal possible aux autres, il semble que l’Angleterre ayanl mis tout son orgueil a s’écarter de celle loi commune, ad choisi pour principe fondamental d" se .■n « el redoutable à toul l » monde,

nen devrai ! résulter aucun avantage pour elle-même,

ajoutez a ce damnable principe l’a c modité toujours subsistante d’enfreindre les traités "i de peraenl d’un vaisseau de cette force, arrêté dans le manquer a toutes les conventions, —ou— prétexte port le un’i"inp— d’une année ; enfin, malgré que, son roi n’ayant qu’une autorité partagée entre perte résultant d’une cargaison d’un million, retenue ]Uf année entière au lieu d" son départ ; malgré lu mi-" itinuelle el ruineuse de l’équi-