Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/754

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des gens qui affectent de ne pas l’être. Voilà ce qui me fait parler quelquefois fortement, et ce qui m'a fait répondre à un anonyme qui me semblait honnête.

S'il vous est possible, monsieur le comte, de m’accorder une demi-heure cette semaine, je désire mettre sous vos yeux des objets importants, et relatifs aux Américains. Je recevrai votre ordre, à cet égard, avec la reconnaissance respectueuse et la foule de sentiments qui m’attachent à vous.

Je suis, monsieur le comte, votre, etc.

LETTRE XXI.

VÉRITABLE T

l-juiu 1779.

J’ai trouvé, monsieur, à mon arrivée de Bordeaux et Rochefort, les deux lettres dont vous m’avez honoré, l’une de Metz et l’autre de Paris. Votre patriotisme mérite beaucoup d’éloges, mais il vous fait peindre avec trop de frayeur la situation de nos armes.

lais, monsieur, n’ont aucun avantage militaire sur nous : ils ont pillé notr à peu près comme les voleurs attaquent ! grands chemins, en attendant la maré- ■ haussi e : peul être eût-il fallu qu’elle arrivai plus tôt. Mais la plus grande partie de nos navires étaient assurés à Londres, et nous avons sur eux quatre mille prisonniers de plus qu’ils n’eu ont à nous.

Notre escadre d’Estaing estdansleplusbelctatet ne manque de rien, pendanl que Byron, ayant fait la faute d’établir de terre sur le de l’Amérique, j périt visiblem ml tous les jours, sans oser rien tenter, avec d supérieures aux nôtres.

La prise de Pondichérj n’est pas non plus un avantage donl 1rs Anglais puissi nt s.’ glorifier. Depuis un an une frégate frai 1 : 1 : .)ii partie a :c ordre de donner à M. de Bellecom d’évacuer la place au premier mouvement des Anglais, et de se retirer à l’île de France, où le gouvernement avait depuis longtemps résolu de rassembler ton 1 3, un peu trop dispersées dans l’Inde. La frégate n’est arrivée qu’après de ! imbe, qui ne l’eût

pas faite inutilement, n’étant pas assez forl pour tenir, s il eût reçu plus tôt des 01 dres de retraite ; ce qui n’ôte rien au mérite de M. de Bellecombe.

U liant aux mauvais traitements que les Anglais prodiguent à nos prisonniers, rien ne pouvant les excuser de c< tte 1 xécrable cruauté, j’ai cru devoir la publier en punition de leur crime : c’est tout ce qu un particulier pouvait faire, en atlcndanl que le gouvernement s’en rc sentit lu : ri c’est ce qu’on doit attendre de sa sagesse. que la

France n’a jamais été dans une position plus avan-


pas donné la paix a l’Allema -Pi ’ ia Russie l à la Turquie .’ □ isolé l’An toute 1 spèce d’alliés en Ëurope ?

et ne tient-elle pas cette puis 

dans son pays même, par les mouvements .j le

' Notre alliance avec

n’a-t-elle pas consolidé «’"lie indépendance ; qui enlevé tout le continent du Nord à la couronne anglaise ? Et notre cabinel politique, le plus habile et le premier de l’Europe, n’a-t-il pas acquis uni- influence universelle sur les actions de toutes les puissances militantes.’ 1e ai me,’ esl prèle a tonner ; la Hollande, résolue à défendre et maintenir son comi sa liberté maritimes ; la Suéde, le Danemark et la Ru sie ntreut dans ce plan honorable : que restet-il à l’Angli terre.’ l u isolement funeste, un épuisement total d’hommes et d’argent, d - déchirements intestins , la perle de l’Amériqu [ieidieiTilaude.il est vrai qu’en revanche de la Dominique elle nous a pris le rocher infect de Sainte-Lucie ; mais, eu feignant de menacer nos possessions du golfe, ne voyez-vous pas que les Anglais tâchent de masquer la frayeur qu’ils ont pour les leurs .’

Voilà l’i tat respectif de leurs avantages et des Qotl . I lin <iui 11 1 —.-lit pas l’extrême SU] de’ notre position lit mal dans le grand livre des événements du siècle.

Laissons de côté les prétendues fautes de M. d’Estaing et les cris des envieux ; et ne jugeons pas légèrement un homme assez grand pour dédaigner l’outrage, en faisant imprimer tout ce qu’on lui adresse d’injures anonymes : voyons uniquement le bon état de sa flotte après une si laborieuse campagne, sa vigilance infatigable, et le concert de louanges de tous les soldats et matelots ; voyons surtout l’acharnement de ses ennemis à le dénigrer : on ne s’enroue pas à dire autant de mal d’un homme dont il n’y aurait rien à penser ; une pitié méprisante est ce qu’on accorde aux gens médiocres, et la colère des rivaux d’un brave ii nie est un hommage peut-être plus 11 a plus sûr que l’éloge de ses amis.

Je m'arrête court sur ce sujet, parce que mon opinion ne fait rien à la chose, et que j'ai beaucoup d’affaires qui demandent mon temps.

Si je me suis fait un plaisir de rassurer un honnête homme, qui me paraît très-bon Français c’est qu’emporté par ce torrent de critiques amers qui passent leur vie à diminuer nos avantages, pendant que nos ennemie ne perdent pas une occasion de boursoufler les leurs, il craint pour nous, et m’a demandé mon sentiment ; je me suis hâté de le lui dire en deux mots, en l’assurant de tous les sentiments que sa lettre inspire à

Son très-humble, etc.