Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/780

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mes fusils anglais, hollandais, à tous ceux du modèle de 1777, que l’on serait forcé d’y envoyer de France, où nous n’en avons pas assez pour armer tous les citoyens qui brûlent de la maintenir libre, j’ai cru devoir tranquilliser notre ministre de la guerre sur la qualité des fusils que j’allais porter dans nos îles, tous pareils à ces deux modèles que j’ai fait déposer chez lui, en le priant d’en garder un, d’envoyer l’autre en Amérique, pour qu’il y serve de contrôle à tous ceux que j’y porterai. Voilà ce que je prie encore M. Servan d’attester à tout le monde, excepté à M. Chabot.

Or, si vous, digne rapporteur de faits que vous connaissez faux, ou si mon dénonciateur, ou quelques-uns des membres de cette municipalité qui reste si tranquille, ayant la connaissance d’un dépôt d’armes dans Paris ; si vous avez eu quelque espoir de faire piller ma maison, comme on l’a essayé vingt fois, en animant le peuple contre moi par les plus lâches calomnies, je vous apprends que vos projets ont déjà quelque exécution. Déjà vos secrets émissaires affichent des placards sur mes murs et dans mon quartier, où l’on charge, comme de raison, les beaux traits du rapport que vous avez fait contre moi : mais le peuple de mon quartier me connaît, monsieur, et sait bien qu’aucun citoyen de l’empire n’aime son pays plus que moi ; que, sans appartenir à faction ni à factieux, je surveille leurs porte-voix, leurs agents secrets, leurs menées ; que j’en démasquerai plusieurs.

Quand je parle de porte-voix, je n’entends point, monsieur, vous désigner sous ce nom peu décent. Je sais, comme les gens instruits, que les éloquents monastères où vous fûtes capuchonné ont de tout temps fourni de grands prédicateurs à la religion chrétienne ; mais j’étais bien loin d’espérer que l’Assemblée nationale aurait tant à se louer un jour des lumières et de la logique et suis, a

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LETTRE XLIV.

MA FILLE EUGÉNIE,

Paris, lr 12 août 1792.

Puisque j’ai promis de l’écrire, c’est à toi, ma chère fille, que je veux adresser les détails des événements qui m’ont personnellement frappé dans ces trois journées désastreuses ; el je le fais pour que tu t’en occupes : car il m’importe égalemenl que tout ce qui m’arrive en mal ainsi qu’en bien tourne au prolii de mon entant.

Mercredi malin 8 août, j’ai reçu une lettre par laquelle un monsieur, qui se nommait sans nul ni stère, me niaiel.nl qu’il était passé pour m’avertir d’une chose qui me touchait, aussi important ! que pressée : il demandait un rendez-vous. Je l’ai reçu. Là j’ai appris de lui qu’une bande de trente brigands avait l’ait le projet de venir piller ma maison la nuit du jeudi au vendredi ; que —i hommes, en habits de garde national ou de fédéré, je ne sais, devaient venir me demander, au nom de la municipalité, l’ouverture de mes portes, sous prétexte de chercher —i je n’avais pas d’armes cachées. Labande devait suivre, armée de piques, avec des bonnets rouges, << les citoyen— acolytes ; el il— devaient fermer les grilles sur eux, en emportant les clefs, pour empêcher, auraient-ils dit, que la foule ne s’introduisît. Ils devaient enfermer mes gens dans une des pièce— souterraines, ou la cuisine, ou le commun, en menaçant d’égorger sans pitié quiconque dirait un seul mot. Puis ils devaient me demander, la baïonnette aux rem-, le poignard à la gorge, OÙ étaient les huit cent mille francs qu’il— croient, disait ce monsieur, que j’ai reçus du Trésor national. Tu juges, mon entant, ce qui— je sciais devenu dans les mains île pareils brigands, quand je leur aurais dit que je n’avais pas un écu,’i n’avais pas reçu m : seul assignat du Trésor. Enfin, m’ajouta ce bon homme, il— m’ont mis du complot, monsieur, en jurant d’égorger celui qui les décèlerait. Voilà mon nom, mon état, nvoyer a Orléans tout ce qui ma demeure ; prenez vos précautions ; n’exposez pas ma vie pour prix de cet avis pressant que mon estime pour vous m’engage a vous donner. Après l’avoir bien remercié, j’ai écril à M. Petiot), comme premier magistral de la ville, pour lui demander une sauvegarde. J’ai remis ma lettre à son suisse, et n’en avais pas de réponse quand les troubles ont commencé, ce qui redoublait mes ■s-iinN

ipUClll !

lt’im orateur tiré île cet onl

Que le grand Séraphique a

Plein d’une juste admiration pour vous, j’allais joindre, monsieur, mon tribut d’applaudissements à ceux que vous avez reçus, lorsque je me suis vu tout a coup dénoncé par vous, si c’est bien l’ail de dénoncer el d

contrarie vos vues, je vous dirai comme Voltaire en parlant du père Girard, qui lui beau moine ainsi que vous :

Mais, mon.uni, je ne m’attendais guère A voir entrer mon nom il. ne celte affaire’ Quoi qu’il en soit, monsieur, votre éloquence n’a pas été perdue : la vive satisfaction de toute inquiétudes. l’assemblée, les louanges publiques dont on vous a COUVert, le décret qui.-’en e.-l —llii Slirce qui loilche aux généraux, vous oui —an— doute consolé de n'avoir pas pu accomplir tout le bien que VOUS vouliez’me ; je VOUS rends —race pour ma part, Je ne le dirai rien de la terrible journée du vendredi, les nouvelles en parlent assez ; mais voyant revenir, le soir, les soldats d le peuple déchargeant leurs fusils et tirant des pétards, j’ai jugé que tout était calme, elt j’ai passé la nuit chez moi.