Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/796

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Rôder près d’elles le fripon :
Rien n’est si bon !

Lorsque ce dieu, dans le mystère,
De ces beautés te fit la mère,
Il n’avait voile ni bandeau ;
Rien n’est si beau !
Ainsi, dans un heureux ménage,
L’Hymen seul propose l’ouvrage,
Mais l’Amour j met la façon :
Rien n’est si bon !

A MESDEMOISELLES DE SAILLY.

Filles de Flore, pour apprendre I. .1 il de « harmer sans y prétendre, Sun exemple esl votre flambeau : Rien n’est si beau ! Mais heureux l’époux jeune et tendre A qui l’on permettra d’étendre Cette intéressante leçon ! Rien n’est si bon ! A LA COMPAGNIE. Vous qui croyez ma verve usée, Apprenez la méthode aisée Dont je ranime mon cerve m : Rien n’est si beau ! Je pars, je viens, j’entre d’emblée ; Je retrouve en cette assemblée Le plaisir cl mon Apollon : Rien n’est si bon ! En effet, quand on considère Tanl do beautés faites pour plaire, I m enfant mi tira il en rondeau Rien n’est si bran ! Puis, voyant la gaieté naïve Qui brille dans chaque convive, II achèverait la chanson : Rien n’est si bon ! A MADAME DE SOl’VIÎK. Sahii a toi, charmante hôtesse ! [ci tout plaît, tout intéresse ; n>i i il, on ibanle, on boit sans eau : Rien n’esl si beau ! ailleurs on grimace, on figure, Les grands airs chassent la Nature ; Chez toi le cœur donne le ton : Rien n’est si bon ! Chers .unis, quand je suis à table, Je crois que la Parque implacable Cesse de tourner son fuseau ■ Rien n’esl si beau ! Si e’esl une erreur qui m enivre . iin-. n’cst-il pas doux de ivre Dans cette aimable illusion ? Rien n’est si bon ! Amis, nous sommes bien ensemble ; De l’amitié qui nous rassemble Faisons-nous un serment nouveau : Rien n’est si beau ! Ce sentiment a sou ivresse ; Puisque sa volupté nous presse, Cédons a son impulsion : Rien n’est si bon ! L’ÉLOGE DU REGARD. CHANSON FAITE SUR UNE TRES-BELLE FEMME NOMMÉE M VDAME DE MÛNR1 G M ; D . Les femmes vantent ma figure, ou ibi mes traits intéressants ; Mou air, ma taille, ma stature, dut aussi mille partisans. Mon esprit, ma voix, mon sourire. Obtiennent leur éloge a part ; Mais ce que surtoul ou admire, C’est la beauté d.- mon regard.

ous, philosophe atrabilaire, 

Pourqui rien ne sepeint en beau ; Vous, a qui la nature entière Ne semble qu’un vaste tombeau, Je vous plains de ne voir en elle Que hs jeux d’un triste hasard. Qu’elle est pour moi touchante el belle ! Mais vous n’avez pas mon regard. Nos champs reprennent leur parure : Quel spectacle délicieux ! Quand je regarde la Nature, Mon âme est toute dans me- j c i c. A ees jeux dont elle esl ra ie, Mes autres sens ont peu de pari ; Les plus doux plaisirs de ma vie, Ah ! je les dois à mon regard. Du goût, du 1 ■lier le prestige S’annonce en me faisant la loi ; Une odeur m’atteint cl m’afflige ; Le bruit me frappe malgré i , Sur s sens chaque objet, chaque être Commande, agit sans nul égard ; Mais di unie entier je suis maître Quand je jouis de mon regard. Je pourrais braver l’infortune, L’envie cl ses efforts puissants ; .le me verrais sans plainte aucune Privé de quatre de mes sens : l’a ni de maux de ecl hémisphère Ne hâteraient poinl m léparl ; Mais q U c faire, hélas ! -m- la terre, Si j avais perdu mon regard .’