Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/805

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ŒUVRES INÉDITES

ou

NON RECUEILLIES DANS LES ÉDITIONS LES PLUS COMPLÈTES

THÉÂTRE ET AFFAIRES DE THÉÂTRE

JEAN BÊTE À LA FOIRE

PARADE[1]

PERSONNAGES

JEAN BÊTE.

JEAN BROCHE (le père)
JEAN BROCHE (la mère)
parents de Jean Bête.

ARLEQUIN.

GILLES.

CASSANDRE.

ISABELLE.

SCÈNE I

JEAN BÊTE, ARLEQUIN.

JEAN BÊTE (il va et vient en colère). Ah ! malheureux Jean Bête !

ARLEQUIN, le suivant.

Monsieur !…


JEAN BETE. Z’infortuné Jean Bête !

ARLEQUIN. Monsieur !…

JEAN BÈTE. J’ai beau crier comme un chien brûlé.

ARLEQUIN. Monsieur !…

  1. Cette parade, qu’on ne connaît pas complète, et que nous avons dû mutiler encore, à cause de ses audaces, qui vont plus loin que celles des farces de Vadé et de Collé, se trouve dans le volume V des manuscrits de Beaumarchais, acquis à Londres par la Comédie-Française, au mois de septembre 1863. La famille en possède une autre copie parmi les nombreux papiers dont M. de Loménie eut communication : « Elle a, dit-il — ce qui est vrai — toute la verve grotesque du genre, toute la spirituelle effronterie d’équivoques et de quolibets qui le caractérise. » (Beaumarchais et son temps, 1856, in-8, t. I, p. 60, note.) — Nous ajouterons qu’elle n’était que le décalque moins accentué d’une autre plus grasse : Léandre marchand d’agnus, qui, dans le manuscrit de la Comédie-Française, la précède, écrite tout entière de la main de Beaumarchais. Elle fut faite, les dernières scènes le prouvent, comme la Trilogie, dont nous la faisons suivre, pour une fête de saint Charles, patron du fermier général M. Le Normand d’Étiolles, mari de Mmede Pompadour et collègue de Beaumarchais, en qualité de secrétaire du Roi. Mme de Genlis a parlé de ces fêtes données au château même d’Étiolles, dans la forêt de Sénart, tout près de Corbeil. Elle y joua, en I762, n’ayant que six ans, le rôle allégorique de l’Amitié, et y chanta un couplet qu’elle n’a, dit-elle, « jamais oublié. » (Mémoires, t. I, p. 17.) Peut-être ce couplet était-il de Beaumarchais, car souvent son hommage ne fut qu’une chanson, comme celle, en même style que cette parade, dont on a pu lire plus bas les six couplets :

    Mes chers amis, pourriez m’enseigner
    Z’un bon seigneur dont chacun parle.

    Villiers, dans son Manuel aux environs de Paris, 1804, in-12, t. I, p. 392, dit que Beaumarchais, déguisé en paysan, vint lui-même chanter cette chanson « qui fut si connue dans le temps. » Quel temps ? quelle année ? Peut-être 1774. La chanson fut en effet publiée pour la première fois dans la Correspondance secrète du mois de janvier 1775 (t. I, p. 166-167). Villiers, ajoutant quelques détails sur les divertissements d’Étiolles à la saint Charles, n’oublie pas celui dont cette pièce est un spécimen : « Beaucoup de personnes de Paris, dit-il, et des environs y étaient invitée. Ces fêtes consistaient en bals, parades, comédies, loteries où tout le monde gagnait. »

    Éd. F.