Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/848

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donner par Votre Majesté, qu’on me nommât d’autres censeurs, mais dont le suffrage a démenti tout le mal qu’ils en avaient dit.

Ce sont eux dont le crédit, sourd à la cinquième représentation de la pièce, a fait imprimer et jeter dans nos salles de spectacle une épigramme affreuse où j’étais traité comme un scélérat, parce que l’ouvrage qu’ils voulaient proscrire avait un assez grand succès 11.

Ce sont eux qui depuis ont osé altérer la forme et le fond d’un billet familier de moi, écrit à un de mes amis, pour persuader au roi que j’avais insulté un duc et pair 22, à qui je n’ai jamais eu l’honneur de parler ni de rien écrire.

Ce sont eux qui, ne sachant plus comment s’y prendre pour me nuire, ont fait courir le bruit que j’étais à la Bastille pour une plate chanson 33, qu’ils avaient probablement faite.

Ce sont eux enfin qui, dans la feuille de Paris, ont employé quatre fois la plume d’un anonyme, pour tâcher de me mettre en colère, et qui, ne pouvant y réussir, ont abusé d’une phrase de ma réponse étrangère à Leurs Majestés, et qui ne pouvait désigner qu’eux, pour parvenir à indisposer le roi. Tels sont les lions et les tigres contre lesquels j’ai combattu, comme l’insecte iil delà mut. et le lâche écrivain qui leur a vendu sa plume pour m’outrager dans le journal.

Si Votre Majesté, après m’avoir frappé dans son courroux, revenant bientôt à son généreux caractère, a porté l’indulgence jusqu’à me faire grâce, quoi qu’elle me crût encore coupable, à plus forte raison espéré-je qu’elle ne me refusera pas justice, en me retrouvant innocent ; et si le roi jeter les yeux sur l’horrible anathème dont sou courroux frappe un particulier, il ne pourra qu’être louché de la vivacité de ma prière. Iiaus ma douleur profonde, je sens bien vivement qu’après avoir été si souvent averti de veiller, parce qu’on me tendait mille pièges, si je n’ai pu m’en garantir, un monarque entouré de mes enn mis. sans défiance de leurs projets, ne pouvait être en sarde contre tant d’insinuations redou blées, ni repousser la prévention, seul crime des âmes honnêtes, comme a dit le grand d’Agu isseau mais j’avoue aussi, qu’élevé dans la douce habilude de croire que, lai-saut la rigueur aux tribunaux, l’auguste main de dos maîtres ne Iraçail j i |ie des grài es, je n’ai pu voir sans désespoir que Votre Majesté dérogeât, pour moi seul n alheureux ! a la plus touchante, à la plus sublime i ogatives royales.

I. V. Il lettre ri ti ite

. i., i, Villcquicr, a m 11’I’" « disait qu’il a » ’1’adressé une lettre ble i propo tle certaines dames qui ne voulaient voir le Figaro qu’en loge grillée, lettre réellement écrite au i ( id. ni Dupaty. V VIntro luction. Ed. F. . I.n elei son de’/,’ » /. contre le mandemenl de I

! lie I de Beaumarchais, car Gudin ne l’a pas oubliée 

. édition. On a pu la lire pins haut. Ed. I ■ Je me suis examiné, Sire, avec plus de sévérité que ne le pourraient faire vos magistral i sercés ; dans ces jours de douleur, mais non d’avilissement (qui ue peut naître que du sentiment du crime) auxquels m’a livré l’ordre de Votre Majesté, j’ose dire avec vérité que je n’ai rien trouvé en moi qui m’ait attiré ma di .nie il n’est point de coupable qui ne put tenir ee langage, le roi a un moyen de s’assurer si je le suis ou non. Qu’il daigne, et je l’en supplie ardemment, m’accorder l’accusateur établi par la loi, et des juges très-rigoureux pour examiner ma conduite, et me punir si j’ai commis un crime : je bénirai toute ma vie cet acte de justice, sans lequel je suis comme rayé de la liste des citoyens. Non que je veuille me plaindre, Sire, du lieu qu’on m’a choisi pour prison, et que j’ajoute dans mon malheur un sentiment de houle à la privation de la liberté ! On souillerait, on détruirait les vraies notionsde l’honneur si l’on supposait qu’un acte émané de l’autorité pût y porter la moindre atteinte. L’honneur ne peut être affaibli que par un jugement des tribunaux, parce qu’alors on est censé avoir pu et dû se défendre : ce que l’autoriténe permet pas. Si « ; e— vérités tutélaires pouvaient être oubliées nu méconnues de quelques-uns de vos sujets, elles se retrouveraient dans le cœur île Votre Majesté, dont la gloire est de régner par les lois sur le premier peuple du monde. Mais il est. Sire, des convenances sociales qui graduent en France les actes rigoureux du pouvoir, relativement à létal, aux fondions, à la fortune, aux emplois, aux travaux de chacun de ..— sujets ; et ces nuances sont chères à une nation soumise, aimante, mais libre et généreuse. • les mouvements d’une vie agitée, je n’ai jamais manqué aux devoirs de sujet fidèle et profondément respectueux ; si j’ai rempli ceux de citoyen attache a la patrie et aux lois, ceux d’homme bienfaisant, juste et religieux dans l’exécution dises engagements ; si, après d’horribles débats, j’ai triomphé devant la loi de tous mes lâches ennemis ; ce vain bruit, qu’on nomme renommée, ce mouvement où je suis comme lancé par la force des circonstances, ne fut jamais m être un crime.

J’oserais dire même qu’il a produit d’heureux effets, el j’invoquerais avec confiance, sur quelque bien que j’ai pu taire au dedans, au dehors du royaume, le témoignage de personnes très-considérables, honorées en différents temps de la confiance immédiate de Votre Majesté, si je n’étais certain que la calomnie acharnée depuis si longtemps contre moi s’efforcerait encore de changer en un sentiment d’orgueil ou de vanité le témoignage que tout homme qui a tait le bien a droil de demander aux antres. ou de se rendre enfin lui-même.

J’ai de plus. Sire, l’honneur de rendre, comme