Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/850

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par une suite de la bizarrerie attachée à cette production, la pièce a continué d’avoir un libre cours, pendant qu’on arrêtait l’auteur. Mais comme ce n’était pas tout perdre pour la haine, ma disgrâce l’a consolée ; je le serai moi-même infiniment, si le malheur qui m’a frappé ne vous laisse pas, Sire, l’impression fâcheuse que je l’ai mérité. Pour parvenir à l’éloigner, je vous supplie humblement, Sire, d’agréer l’hommage respectueux de mon Mémoire au Roi, avant même qu’il l’ait reçu. Tous mes amis qui le connaissent espèrent avec moi que Sa Majesté, détrompée, me rendra enfin la justice qu’elle ne refuse à personne.

Il appartenait à madame la comtesse de Boufflers de sentir, d’apprécier la résolution que j’ai prise, de me constituer prisonnier volontaire dans ma propre maison, jusqu’à ma justification démontrée[1].

Elle m’a fait l’honneur, Sire (et je me pare aux yeux de Votre Majesté de cette faveur honorable), de venir, avec madame la comtesse Amélie, réapprendre de vive voix combien elle approuvait ce parti. Un suffrage aussi respecté m’en garantit bien d’autres à Paris ; et j’ose penser qu’il m’en promet d’inappréciables à Stockholm. Je suis avec le plus profond respect,

de Votre Majesté,

Sire, etc.

  1. Beaumarchais s’était, en effet, astreint chez lui à une sorte de captivité, jusqu’au moment où le roi, après avoir lu son Mémoire, lui eût lui dire qu’il en était content. V. encore, sur ce point, l’Introduction. Ed. F.