Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/870

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un bon lit à Vienne, où je vais faire le monsieur au moins huit bons jours avant de me remettre en route. Comme j’y trouverai des médecins, j’y trouverai probablement des saignées : c’est là le premier point de leur science. Je sens bien que j’approche d’une grande capitale : la culture, la navigation, les forts, les chapelles, tout m’annonce que nous arrivons. Les hommes augmentent à vue d’œil : ils vont se presser, et enfin seront accumulés au terme de mon voyage. C’est au terme de

; loignement que je veux dire ; car i aurai bien 

lieues à faire pour embrasser mes chers amis, à qui j’espère que vous ferez part des tvelles que je vous adresse. Ne pouvant écrire à tout le monde à la fois, j’adresserai tantôt à l’un, tantôt à l’autre, ce que je pourrai rédiger ; et il faut bien que tout cela fasse un corps entre vos mains, car pour moi je ne recommencerai pas à celui-ci ce que j’aurai dit à celui-là. Tant que j’ai eu la tôle pleine d’affaires, au diable l’instant que j’avais pour écrire ; mais depuis que tout est fini, je rede iens moi même, et je radote volontiers. Bonjour, cher ami : voilà mon cœur qui s’engage de nouveau ; tant mieux, je vomirai. Sans celte vilaine oppression, je ne serais que blessé, au lieu que je suis malade. Il faut absolument cesser d’écrire. Me voilà descendu à Vienne. Je souffre beaucoup, mais c’est moins un rimill’r ni qu’une douleur aigiie : je crois que c’est hou signe. Je vais m>— r •lier ; il y a Lien longtemps que cria ne m’est arrivé. Al COMTE DE VERGENNES’. in. irs 178’. Monsieur le comte, ani-liirr malin, dans une audience particulière que M. île Fleury voulut bien m’accorder, sur les besoins pressants que j’éprouve, il me parla des Américains, qu’il appela très-justement mes amis. Et il me dit qu’il faisait beaucoup pour eux en leur accordant le port il" Baj en franchise. Je ne pus m’empècher de m’élever fortement contre ce choix. El dans la foule de rais me revinrent en faveur de Lorient, Port-1 qui Morlaix, j’en iracii lan ’"us adresse dépôt des m empêcherait pourvoir en sommation i psI un des i illéa liai mu quej qui muse i lin r:c’est que le voisinage irehandises de la Chii I bientôt les Américains Angleterre de ers objets d’une ennui leur est chère, cl que ce moyen lus doux de 1rs attirer sur nos rives ar disleur île notre — Indes lier se r.’i.ii des in iomcnl.1.’la I. Lellre il iin qui n us n iiseiîiic au mi Irepiibos de lie; hais cl île ses créauci -’"" « ’I » Ié| lance des Américains, ses….. C’esl une pièce justificative iodispensi ■ i » «  « s dil lui loi i col is notre / Urodm tio Ed. F. el de les y garder. Une autre raison milite encore : Bayonne vous coûtera plus que mois ne pensez a mettre en état, et Port-Louis ne vous i iten rien. Ce ministre obligeantm’a promis de s’occupci de mon indispensable liquidation. Mais, lui ai-je dil. monsieur, depuis que mon mémoire est remis au roi, voila trois mois presque écoulés. Je suis serré dans un étau : les engagements d’un négociant comme i ne souffrenl pas de remise, et mes embarras s’accumulent tous li jours. La prise de mes deux vaisseaux me coûte plus de lmii cent mille livres, el depuis la publicité de mes pertes, on a tiré sur moi, par frayeur, pour une pareille somme au moins. Il m’est arrivé des remises d’Amérique, el les voila malheureusement suspendues. J’ai deux vaisseaux à Nantes tout neufs, dont l’un est de douze cents tonneaux, que je destinais à la paix pour la Chine. Se suis dans l’exclusion avec tout le monde, el celle exclusion de lous m’empêche encore de vendre ces deux vaisseaux. J’avais pour quatre mille livres de ballots sui l’Aigle, destinés pour le Congrès, et l’Aigle a éti pris. L’inondation subite arrivée à Morlaix vient de submerger deux magasins où j’avais pour cent mille livres de thé. Toul est avarié aujourd’hui. Avant-hier, à l’instant de mon paiement, l’agent de change Girard m’a emporté, par —a banqueroute frauduleuse, près de trente mille livres. Il me faut expédier deux vaisseaux à la Chesapeach, avanl la mi-mai, si je ne veux pas toul perdre en rapportant trop tard le misérable reste des tabacs do nies magasins de Virginie, dont la majeure partie a été brûlée par les Anglais, pan e qu’on me retient depuis quatre ans le Fier-Rodiigitt à Rochefort, ou il a enfin pourri. Ce temps estle plus fâcheux de ma vie, el vous savez, monsieur le comte, que depuis Irois ans j’ai plus de deux cent mille livres d’arrêtés par la masse énorme des parchemins de titres que M. de Maurepas m’a ordonné de racheter partout secrètement. Je ais périr si M. de Fleurj n’arrête pas promplement avec mois de me jeter l’a compte que je demande, comme on jette un câble à celui que le courant emporte. Il m’a promis de vous en parler, ainsi qu’au roi.. lai toujours bien servi l’État, je le servirai encore sans récompense, je n’en veux aucune. Mais aux noms de Dieu, du roi, de la compassion el de la justice, empêchez-moi de périr el d’aller enfouir honteusement à l’étranger le peu de courage el de talent— que je me suis toujours efforcé de rendre utiles à mon pays, el au service de i i roi. Ce que je demande esl de la plus rigoureuse équité, el je le recevrai comme grâce.