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qui n’attend que sa dernière heure. Mon bourreau aperçut ma bourse qui était sur ma commode, il s’en saisit, et me reprit au collet et par les cheveux. À ce dernier trait, j’ouvris les yeux pour la seconde fois, je m’armai de courage, je m’emparai brusquement d’un couteau que je trouvai sous ma main. Cet acte de vigueur fit disparaître mon aventurier.

Je m’essuyai le visage devant un miroir ; et lorsque je fus de sang-froid, je m’aperçus que ma barbe était faite, et que mes cheveux étaient frisés, poudrés et accommodés. Je reconnus alors de quoi il était question : l’illusion que je m’étais faite avait été occasionnée par un nouveau garçon perruquier que son maître m’avait envoyé. Je fus très-satisfait d’en être quitte pour la peur, et je partis en riant pour aller à la campagne.


VIEILLE RONDE GAULOISE ET CIVIQUE

pour la rentrée d'eugénie beaumarchais de son couvent dans la maison paternelle.

Dédiée à sa mère, et brochée par Pierre-Augustin, son père, le premier poëte de Paris en entrant par la porte Saint-Antoine.
Ce 1er  mai 1791, grand jour de joie dans toutes les villes de France.

Sur l’air : Ho, ho, s’fit-il, c’est la raison
Sur l’air : Que je sois maître eu ma maison.

1er  COUPLET.

Hier Augustin-Pierre
Parcourant son jardin,
Regardant sa chaumière,
Disait d’un air chagrin :
Je le veux, car c’est la raison
Que je sois maître en ma maison.

2e

Quelle sotte manie,
Du bonheur me privant,
Retient mon Eugénie
Dans sou f…atal couvent ?
Je veux l’avoir ; c’est la raison
Que je sois maître eu ma maison.

3e

Elle use sa jeunesse
À chanter du latin ;
Tandis que la vieillesse
Me pousse vers ma fin !
Tant que je vis, c’est la raison
Que je l’embrasse en ma maison.

[1]

L’on danse à nos barrières ; I Le fisc abat son mur : J Et ma fille en prières, De son parloir obscur, Crie à mon cœur : Est-ce raison) Que tu me fermes ta maison ?) Sa mèr-e, et vous ses tantes, Courez me la chercher. Vous, nos braves servantes, Prépaie/ son coucher. Préparez-le, c’est la raison Qu’on m’obéisse en ma maison. bis. Blondi ».’que l’on attelle Mes plus beaux chevaux gris, Pour rouler ma pucelle Rien n’est d’un trop haut prix Dépêche, car c’est la raison Qu’on m’obéisse en ma maison. bis. bis. Roussel ! ouvrez la grille ;),. Je l’entends, je la voi. j Mes amis, c’est ma fille Qu’on ramène chez moi. Pensez-vous pas que c’est raison) Qu’elle entre en reineen ma maison ? j bis. bis. Bonjour, fille à ta mère. Dis : Adieu, Bon-Secours’ Je viens chez mon bon père Être heureuse à touj —. Papa le veut ; c’est la raison ■ Qu’il soit le maître en sa maison. Dans mon verger de Flore, I ois mes berceaux couverts.) Chaque arbre s’j colore ; .Mes gazons sont plus verts. C’est toujours la belle saison Quand tu parais dans ma maison. 10 e Tous ces beaux, que l’on nomme Te lorgnent-ils déjà ? Dis-leur : Mon gentilhomme, N’êtes-vous que cela ? Des parchemins et du blason j N’ouvriront point cette maison. ! Il » Esprit en miniature, Gros col et soulier plat, Breloque à la cainture ; Bien étriqué, bien fat ! . Couvent où elle fut élevée. bis. bis.

  1. i. Gudin a publié cette ronde dans son édition, mais incomplète. Nous la donnons ici d’après un des très-rares exemplaires qui en subsistent — car Beaumarchais l’avait fait imprimer pour ses amis — avec tous ses couplets, et la musique, qui sans doute est aussi de lui. Ed. F.